[article]
Titre : |
Scénographie rituelle contemporaine et nouvelles pratiques de deuil |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Cynthia Mauro |
Année de publication : |
2020 |
Article en page(s) : |
p. 19-33 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Alpha D:Deuil ; I:Institutionnalisation ; M:Mémoire ; M:Mort ; O:Obsèques ; R:Rite
|
Résumé : |
Peut-être qu’il nous a fallu prendre une pause émotionnelle dans notre histoire meurtrie (guerres, famines, épidémies) et nous éloigner psychiquement de cette mort décimante au seuil de nos existences, au pas de la porte de l’héritage familial de chacun. Trop c’est trop.
La mort va en se taisant, comme si nous pouvions la faire disparaître de nos vies en l’effaçant de notre langue. Comme si nous espérions la perdre de vue en la perdant de mots. Il y a bien quelques épitaphes comme celle d’Alexandre Dumas : « je n’ai pas peur de la mort, je lui raconterai une histoire », mais plus question d’en rire. On ne se fait plus un costume en sapin, on ne mange plus les pissenlits par la racine, on ne dit plus des morts qu’ils ont un manque de savoir vivre. À la mort d’un proche, si les mots manquent pour exprimer la douleur, les périphrases abondent : « il nous a quittés », dira la famille, « j’ai perdu ma mère », confiera un fils. Autant de circonlocutions qui permettent de ne pas prononcer « la mort ».
La mort va également en se cachant, comme si nous pouvions la faire disparaître de nos vies en l’institutionnalisant et en diffusant nos responsabilités en faveur d’un savoir-faire professionnel. « Autrefois, la mort avait une forme qui organisait l’ensemble. Le mourant décrétait l’ouverture des cérémonies et des pompes funèbres. La famille l’assistait, les pleureuses pleuraient, les curés confessaient et consolaient, les voisins visitaient, les volets se fermaient. Personne n’était indifférent… |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbtournai/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=45911 |
in Jusqu'à la mort accompagner la vie > 140 (Mars 2020) . - p. 19-33
[article] Scénographie rituelle contemporaine et nouvelles pratiques de deuil [texte imprimé] / Cynthia Mauro . - 2020 . - p. 19-33. Langues : Français ( fre) in Jusqu'à la mort accompagner la vie > 140 (Mars 2020) . - p. 19-33
Catégories : |
Alpha D:Deuil ; I:Institutionnalisation ; M:Mémoire ; M:Mort ; O:Obsèques ; R:Rite
|
Résumé : |
Peut-être qu’il nous a fallu prendre une pause émotionnelle dans notre histoire meurtrie (guerres, famines, épidémies) et nous éloigner psychiquement de cette mort décimante au seuil de nos existences, au pas de la porte de l’héritage familial de chacun. Trop c’est trop.
La mort va en se taisant, comme si nous pouvions la faire disparaître de nos vies en l’effaçant de notre langue. Comme si nous espérions la perdre de vue en la perdant de mots. Il y a bien quelques épitaphes comme celle d’Alexandre Dumas : « je n’ai pas peur de la mort, je lui raconterai une histoire », mais plus question d’en rire. On ne se fait plus un costume en sapin, on ne mange plus les pissenlits par la racine, on ne dit plus des morts qu’ils ont un manque de savoir vivre. À la mort d’un proche, si les mots manquent pour exprimer la douleur, les périphrases abondent : « il nous a quittés », dira la famille, « j’ai perdu ma mère », confiera un fils. Autant de circonlocutions qui permettent de ne pas prononcer « la mort ».
La mort va également en se cachant, comme si nous pouvions la faire disparaître de nos vies en l’institutionnalisant et en diffusant nos responsabilités en faveur d’un savoir-faire professionnel. « Autrefois, la mort avait une forme qui organisait l’ensemble. Le mourant décrétait l’ouverture des cérémonies et des pompes funèbres. La famille l’assistait, les pleureuses pleuraient, les curés confessaient et consolaient, les voisins visitaient, les volets se fermaient. Personne n’était indifférent… |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbtournai/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=45911 |
|