[article]
Titre : |
Osons prendre le temps |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Yannis Constantinidès |
Année de publication : |
2025 |
Article en page(s) : |
p. 34-38 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
Temps Soins infirmiers en psychiatrie Éthique Humanisation des soins Organisation et administration Philosophie Relations entre professionnels de santé et patients durée subjective posture soignante subjectivité |
Résumé : |
À notre époque, l’urgence est partout… Un rapport « hystérique » au temps s’invite jusque dans les soins. Peut-on s’affranchir de la tyrannie de l’instant à venir et retrouver la disponibilité psychique nécessaire pour soigner ?
Être aux petits soins suppose de prendre tout son temps, or de nos jours le temps manque cruellement. Toujours pressés (1), les soignants s’affairent, courent dans tous les sens, sans même parfois avoir le temps de manger ou de satisfaire leurs besoins naturels (2)… Ils sont engagés à leur corps défendant dans un compte à rebours perpétuel, contraints de mesurer rigoureusement le temps passé avec un patient pour ne pas (trop) en manquer avec les autres.
Cette ambiance apocalyptique n’est pas sans rappeler l’attente anxieuse du Jugement dernier par les premiers chrétiens, à cette différence près que l’on n’espère plus d’issue heureuse dans le cas du soin, les choses ne semblant pas sur le point de s’arranger. La célèbre formule de Saint Paul, « le temps est court désormais » (3), résonne tout de même fortement à nos oreilles, si l’on met de côté l’espérance messianique en des jours meilleurs.
Le temps s’est en effet raccourci avec l’accélération générale de toutes choses (4), comme s’il s’était contracté. Le paradoxe de notre époque est que nous n’avons jamais eu autant de temps libre, mais que nous avons toujours l’impression désagréable d’en manquer. Notre sensibilité a été profondément remaniée par les rapides
progrès techniques des deux derniers siècles, qui nous ont fait prendre goût à l’ivresse de la vitesse. Qui parmi nous a vraiment la patience de regarder le soleil se coucher ou d’écouter le chant des oiseaux sans rien faire d’autre en même temps ? La lenteur est-elle encore psychologiquement supportable ? [...] |
Note de contenu : |
Cet article fait partie du dossier "On n'a plus le temps de soigner"
|
Permalink : |
./index.php?lvl=notice_display&id=122069 |
in Santé mentale > 294 (Janvier-février 2025) . - p. 34-38
[article] Osons prendre le temps [texte imprimé] / Yannis Constantinidès . - 2025 . - p. 34-38. Langues : Français ( fre) in Santé mentale > 294 (Janvier-février 2025) . - p. 34-38
Mots-clés : |
Temps Soins infirmiers en psychiatrie Éthique Humanisation des soins Organisation et administration Philosophie Relations entre professionnels de santé et patients durée subjective posture soignante subjectivité |
Résumé : |
À notre époque, l’urgence est partout… Un rapport « hystérique » au temps s’invite jusque dans les soins. Peut-on s’affranchir de la tyrannie de l’instant à venir et retrouver la disponibilité psychique nécessaire pour soigner ?
Être aux petits soins suppose de prendre tout son temps, or de nos jours le temps manque cruellement. Toujours pressés (1), les soignants s’affairent, courent dans tous les sens, sans même parfois avoir le temps de manger ou de satisfaire leurs besoins naturels (2)… Ils sont engagés à leur corps défendant dans un compte à rebours perpétuel, contraints de mesurer rigoureusement le temps passé avec un patient pour ne pas (trop) en manquer avec les autres.
Cette ambiance apocalyptique n’est pas sans rappeler l’attente anxieuse du Jugement dernier par les premiers chrétiens, à cette différence près que l’on n’espère plus d’issue heureuse dans le cas du soin, les choses ne semblant pas sur le point de s’arranger. La célèbre formule de Saint Paul, « le temps est court désormais » (3), résonne tout de même fortement à nos oreilles, si l’on met de côté l’espérance messianique en des jours meilleurs.
Le temps s’est en effet raccourci avec l’accélération générale de toutes choses (4), comme s’il s’était contracté. Le paradoxe de notre époque est que nous n’avons jamais eu autant de temps libre, mais que nous avons toujours l’impression désagréable d’en manquer. Notre sensibilité a été profondément remaniée par les rapides
progrès techniques des deux derniers siècles, qui nous ont fait prendre goût à l’ivresse de la vitesse. Qui parmi nous a vraiment la patience de regarder le soleil se coucher ou d’écouter le chant des oiseaux sans rien faire d’autre en même temps ? La lenteur est-elle encore psychologiquement supportable ? [...] |
Note de contenu : |
Cet article fait partie du dossier "On n'a plus le temps de soigner"
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