[article]
Titre : |
La transmission à l'épreuve des symbolisations |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Serge Tisseron |
Année de publication : |
2023 |
Article en page(s) : |
p. 32-36 |
Note générale : |
Cet article fait partie du dossier " Le transgénérationnel dans les soins". |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Alpha C:Concept ; C:Conséquence psychologique ; E:Emotion ; E:Evénement traumatique ; F:Famille ; I:Inconscient ; I:Intergénérationnel ; S:Secret ; S:Symbolisation ; T:Transgénérationnel ; T:Transmission ; T:Traumatisme psychique
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Résumé : |
Une transmission a d’autant plus de chances de réussir qu’elle associe les trois moyens de symbolisation dont dispose l’être humain : des mots, des images et l’ensemble des gestes et mimiques correspondantes. C’est à cette condition qu’elle peut créer du lien et nourrir la mémoire. Mais c’est loin d’être toujours le cas…
Lorsqu'un événement traumatique vécu par une génération n'a pas pu être complètement symbolisé, sa transmission est bloquée. Mais ce qui n'a pas été mis en mots est toujours symbolisé sous une autre forme, notamment à travers des mimiques, des émotions, des comportements? Ce sont les 'suintements du Secret". Malheureusement, l'enfant n'en a pas le mode d'emploi. Il tente alors d'imaginer la nature de ce qu'on lui cache et court le risque de développer sur ce chemin divers symptômes. Ce sont des "ricochets du Secret", qui affectent parfois plusieurs générations.
La question de ce qu’on a appelé les « transmissions psychiques » a surgi dans les années 1950. Des médecins constatèrent alors que certains enfants nés de parents déportés présentaient des symptômes qui évoquaient ceux que leurs parents avaient pu vivre en déportation : amaigrissement, insécurité, terreurs… Pourtant, apparemment, ces derniers s’étaient bien tirés d’affaire. Ils avaient un métier, une famille, un réseau d’amis… Tout se passait comme si le vécu de la déportation était passé dans la tête de leurs enfants ! Et comme les parents paraissaient avoir à peu près dépassé leurs traumatismes, l’idée vint que des contenus psychiques inconscients puissent passer d’une génération à l’autre par une sorte de « transmission d’inconscient à inconscient ». Cette hypo- thèse, on le voit, renouait avec un certain fatalisme des croyances traditionnelles. Bien sûr, on ne parlait pas de « fatum » ou de « destin », mais « d’inconscient », et pourtant, l’idée sous-jacente à cette nouvelle croyance était la même : ni les parents, ni les enfants n’y pouvaient rien, les traumatismes vécus par une génération « passaient » dans le psychisme des suivantes, inchangés. |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbtournai/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=51565 |
in Santé Mentale > 275 (Février 2023) . - p. 32-36
[article] La transmission à l'épreuve des symbolisations [texte imprimé] / Serge Tisseron . - 2023 . - p. 32-36. Cet article fait partie du dossier " Le transgénérationnel dans les soins". Langues : Français ( fre) in Santé Mentale > 275 (Février 2023) . - p. 32-36
Catégories : |
Alpha C:Concept ; C:Conséquence psychologique ; E:Emotion ; E:Evénement traumatique ; F:Famille ; I:Inconscient ; I:Intergénérationnel ; S:Secret ; S:Symbolisation ; T:Transgénérationnel ; T:Transmission ; T:Traumatisme psychique
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Résumé : |
Une transmission a d’autant plus de chances de réussir qu’elle associe les trois moyens de symbolisation dont dispose l’être humain : des mots, des images et l’ensemble des gestes et mimiques correspondantes. C’est à cette condition qu’elle peut créer du lien et nourrir la mémoire. Mais c’est loin d’être toujours le cas…
Lorsqu'un événement traumatique vécu par une génération n'a pas pu être complètement symbolisé, sa transmission est bloquée. Mais ce qui n'a pas été mis en mots est toujours symbolisé sous une autre forme, notamment à travers des mimiques, des émotions, des comportements? Ce sont les 'suintements du Secret". Malheureusement, l'enfant n'en a pas le mode d'emploi. Il tente alors d'imaginer la nature de ce qu'on lui cache et court le risque de développer sur ce chemin divers symptômes. Ce sont des "ricochets du Secret", qui affectent parfois plusieurs générations.
La question de ce qu’on a appelé les « transmissions psychiques » a surgi dans les années 1950. Des médecins constatèrent alors que certains enfants nés de parents déportés présentaient des symptômes qui évoquaient ceux que leurs parents avaient pu vivre en déportation : amaigrissement, insécurité, terreurs… Pourtant, apparemment, ces derniers s’étaient bien tirés d’affaire. Ils avaient un métier, une famille, un réseau d’amis… Tout se passait comme si le vécu de la déportation était passé dans la tête de leurs enfants ! Et comme les parents paraissaient avoir à peu près dépassé leurs traumatismes, l’idée vint que des contenus psychiques inconscients puissent passer d’une génération à l’autre par une sorte de « transmission d’inconscient à inconscient ». Cette hypo- thèse, on le voit, renouait avec un certain fatalisme des croyances traditionnelles. Bien sûr, on ne parlait pas de « fatum » ou de « destin », mais « d’inconscient », et pourtant, l’idée sous-jacente à cette nouvelle croyance était la même : ni les parents, ni les enfants n’y pouvaient rien, les traumatismes vécus par une génération « passaient » dans le psychisme des suivantes, inchangés. |
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http://cdocs.helha.be/pmbtournai/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=51565 |
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