[article] inSanté Mentale > 271 (Octobre 2022) . - p. 84-89
Titre : |
L'inceste, produit banal et tragique du patriarcat |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Dorothée Dussy |
Année de publication : |
2022 |
Article en page(s) : |
p. 84-89 |
Note générale : |
Cet article fait partie du dossier "Familles incestueuses". |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Alpha A:Anthropologie ; A:Art ; C:Culture ; F:Famille ; I:Inceste ; I:Interdit ; P:Passage à l'acte ; R:Relation parent-enfant ; S:Sexisme ; S:Silence ; T:Transgénérationnel
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Résumé : |
L’inceste est structurant de l’ordre social. Chacun est imprégné, au berceau, des rapports de domination constitutifs des relations familiales et l’inceste constitue un élément clé de la reconduction des rapports de domination et d’exploitation.
Partant du constat de la banalité statistique de l'inceste, dans cet article, l'auteure, anthropologue, remet en discussion deux approches anthropologiques de l'inceste. Une approche féministe, qui s'attache à décrire et à analyser les situations de violences sexuelles intrafamiliales dans leurs pratiques ordinaires et qui les rend visibles. Cette approche est mise en perspective avec le discours de l'anthropologie classique, structurale, qui lubrifie les rouages de l'ordre social complaisant à l'égard des pratiques d'inceste et qui de ce fait les rend invisible. Sous couvert de l'idée de tabou universel, l'ordre social admet les millions d'enfants violés mais interdit qu'on raisonne, interdit qu'on y fasse référence, interdit qu'on y pense. La théorie de Lévi-Strauss préserve la représentation de l'inceste dont la société a besoin pour pouvoir continuer de penser que l'inceste est hors du commun, qu'il est le résultat d'une déviance ou d'une anomalie.
Tous les jours, près de chez vous, un bon père de famille couche avec sa petite fille de 9 ans, qui est statistiquement l’âge moyen au premier viol incestueux. Ou parfois elle lui fait juste une petite fellation. Ou c’est un oncle avec son neveu. Ou une grande sœur avec sa petite sœur. Le terme consacré pour désigner ces pratiques sexuelles imposées à un enfant de la famille est « inceste », la prévalence en est dramatiquement banale dans notre société puisque d’après les enquêtes disponibles, on estime à 10 % le nombre de Français ayant été incestés (1), et donc à 10 % également le nombre de Français ayant déjà commis des violences sexuelles.
Les incestés, majoritairement des filles, souffrent de multiples conséquences de l’inceste et consacrent beaucoup d’énergie tout au long de leur vie à se réparer ou à donner le change sur leur dévastation intérieure tandis que les incesteurs, principalement des hommes, vivent dans leur immense majorité tout à fait normalement. |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbtournai/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=50795 |
[article] L'inceste, produit banal et tragique du patriarcat [texte imprimé] / Dorothée Dussy . - 2022 . - p. 84-89. Cet article fait partie du dossier "Familles incestueuses". Langues : Français ( fre) in Santé Mentale > 271 (Octobre 2022) . - p. 84-89
Catégories : |
Alpha A:Anthropologie ; A:Art ; C:Culture ; F:Famille ; I:Inceste ; I:Interdit ; P:Passage à l'acte ; R:Relation parent-enfant ; S:Sexisme ; S:Silence ; T:Transgénérationnel
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Résumé : |
L’inceste est structurant de l’ordre social. Chacun est imprégné, au berceau, des rapports de domination constitutifs des relations familiales et l’inceste constitue un élément clé de la reconduction des rapports de domination et d’exploitation.
Partant du constat de la banalité statistique de l'inceste, dans cet article, l'auteure, anthropologue, remet en discussion deux approches anthropologiques de l'inceste. Une approche féministe, qui s'attache à décrire et à analyser les situations de violences sexuelles intrafamiliales dans leurs pratiques ordinaires et qui les rend visibles. Cette approche est mise en perspective avec le discours de l'anthropologie classique, structurale, qui lubrifie les rouages de l'ordre social complaisant à l'égard des pratiques d'inceste et qui de ce fait les rend invisible. Sous couvert de l'idée de tabou universel, l'ordre social admet les millions d'enfants violés mais interdit qu'on raisonne, interdit qu'on y fasse référence, interdit qu'on y pense. La théorie de Lévi-Strauss préserve la représentation de l'inceste dont la société a besoin pour pouvoir continuer de penser que l'inceste est hors du commun, qu'il est le résultat d'une déviance ou d'une anomalie.
Tous les jours, près de chez vous, un bon père de famille couche avec sa petite fille de 9 ans, qui est statistiquement l’âge moyen au premier viol incestueux. Ou parfois elle lui fait juste une petite fellation. Ou c’est un oncle avec son neveu. Ou une grande sœur avec sa petite sœur. Le terme consacré pour désigner ces pratiques sexuelles imposées à un enfant de la famille est « inceste », la prévalence en est dramatiquement banale dans notre société puisque d’après les enquêtes disponibles, on estime à 10 % le nombre de Français ayant été incestés (1), et donc à 10 % également le nombre de Français ayant déjà commis des violences sexuelles.
Les incestés, majoritairement des filles, souffrent de multiples conséquences de l’inceste et consacrent beaucoup d’énergie tout au long de leur vie à se réparer ou à donner le change sur leur dévastation intérieure tandis que les incesteurs, principalement des hommes, vivent dans leur immense majorité tout à fait normalement. |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbtournai/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=50795 |
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