[article]
Titre : |
Identification des critères de retour au sport après chirurgie ligamentaire de la cheville |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Maude Traulle, Auteur ; et al., Auteur |
Année de publication : |
2020 |
Article en page(s) : |
p. 27-38 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
Cheville ligamentoplastie Reprise du sport |
Résumé : |
L’instabilité latérale chronique de cheville (ILCC) est une complication fréquente après entorse latérale de cheville (ELC). La probabilité de développer une ILCC augmente avec la récurrence des ELC. En effet, l’ELC est une pathologie très répandue avec une incidence en France de près de 6000 cas par jour selon Besse [1]. Bauer et al. [2] expliquent que la prévalence de l’ILCC après ELC est de 20 à 40 %.En 2019, Herzog et al. [3] comptent près de 2 millions d’ELC aux États-Unis d’Amérique. Ceux-ci nous expliquent qu’environ 70 % de cette population ayant subi une ELC est à risque de développer une ILCC. Dans le sport de compétition, quel que soit le niveau de celle-ci, 10 à 30 % des blessures sont des ELC.Il est nécessaire de distinguer l’instabilité fonctionnelle (déséquilibre neuromusculaire sans laxité) et l’instabilité sur laxité chronique (déplacement anormal du talus par rapport à la pince bimalléolaire objectivé par l’examen physique via un test en varus forcé et tiroir antérieur). Cette seconde description correspond à l’ILCC. Or, l’instabilité d’une articulation engendre une mauvaise répartition des contraintes lui étant appliquées et favorise ainsi la formation d’arthrose selon Kobayashi et al. [4].Le traitement de l’ILCC est essentiel tant pour la prévention de la dégradation de l’articulation que pour la reprise du sport en toute sécurité.L’ELC concerne le ligament latéral de la cheville ou ligament collatéral fibulaire (LCF). Le LCF comporte 3 faisceaux :– le faisceau antérieur ou ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) ;
– le faisceau moyen ou calcanéo-fibulaire (LCaF) ;
– le faisceau postérieur ou ligament talo-fibulaire postérieur (LTFP).Dans la blessure, un ou plusieurs des faisceaux du LCF présentent une distension ou une rupture, qu’elle soit partielle ou totale. Le traitement de l’ILCC doit par conséquent résoudre l’absence ou l’inefficacité d’une partie du LCF.L’indication chirurgicale relève de la sensation d’instabilité du patient mais également de la laxité du compartiment latéral de la cheville ainsi que du nombre de récidives d’ELC. Ainsi, ce sont les sujets les plus actifs qui seront concernés par ces procédures et plus particulièrement ceux qui souhaitent reprendre une activité sportive.Selon Bauer et al. [2], il existe plusieurs procédures chirurgicales permettant soit la réparation du ligament (procédures de Broström, de Karlsson, de Blanchet, de Duquennoy), ou de ligamentoplasties. Ces techniques se divisent en 2 types de reconstructions selon Yasui et al. [5] : les reconstructions dites anatomiques, suivant le trajet des ligaments formant le LLE et utilisant diverses prises de greffe (tendon du gracile, du fascia lata, du plantaire grêle), et les non anatomiques ou de substitution qui déroutent le tendon du court fibulaire pour former un renfort latéral (procédures de Castaing, de Chrisman-Snook, de Colville, de Watson) [6].Globalement, Shawen et al. [7] dans leur revue de littérature, montrent que les patients ayant bénéficié de chirurgie ligamentaire latérale de la cheville reprennent le sport mais à des niveaux moindres que ceux qu’ils pratiquaient avant blessure. La question qui est soulevée est évidement « Pourquoi ? » car les sujets ont retrouvé une stabilité articulaire physiologique grâce à l’intervention, comme dans l’étude de Keklik et Kiral selon la procédure de Colville [8]. Si le problème ne vient pas de la stabilité articulaire passive, c’est que d’autres critères, propres à chaque individu, doivent être pris en compte afin d’autoriser le retour au sport (RTS) en toute sécurité.La méta-analyse de Kobayashi et al. [4] parue en 2016 a montré qu’il existait certains facteurs de risque pour l’ELC : un IMC élevé, un déficit de mobilité en dorsi-flexion, une diminution de la force des éverseurs en excentrique à basse vitesse et une augmentation de la force de flexion plantaire concentrique rapide, un déficit proprioceptif et par conséquent, des troubles de la posture statique.Ces facteurs sont également retrouvés dans l’ILCC selon les travaux de Miklovic et al. de 2018 [9]. En effet, leur revue statue qu’une réduction de mobilité de la cheville, un déficit de force, des troubles posturaux, sont retrouvés sur le membre lésé.Par ailleurs, ils expliquent que la cinématique de marche, ou de course, est perturbée avec un placement de la cheville en éversion au moment de l’attaque du pas et une augmentation de la flexion de genou (pouvant être restaurée par la rééducation) et que ces observations se retrouvent dans le saut sur une jambe. Ces facteurs sont autant de points sur lesquels il est essentiel d’avoir une fonction restaurée pour autoriser la reprise d’une activité physique, quel que soit le niveau.À notre connaissance, il n’existe pas de littérature qui examine précisément les critères objectifs pouvant autoriser le RTS après ligamentoplastie du LCF dans le traitement de l’ILCC. Nous nous proposons de faire un état des lieux de la littérature et des critères concrets pouvant guider le choix thérapeutique.
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Permalink : |
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in Kinésithérapie scientifique > 619 (Avril 2020) . - p. 27-38
[article] Identification des critères de retour au sport après chirurgie ligamentaire de la cheville [texte imprimé] / Maude Traulle, Auteur ; et al., Auteur . - 2020 . - p. 27-38. Langues : Français ( fre) in Kinésithérapie scientifique > 619 (Avril 2020) . - p. 27-38
Mots-clés : |
Cheville ligamentoplastie Reprise du sport |
Résumé : |
L’instabilité latérale chronique de cheville (ILCC) est une complication fréquente après entorse latérale de cheville (ELC). La probabilité de développer une ILCC augmente avec la récurrence des ELC. En effet, l’ELC est une pathologie très répandue avec une incidence en France de près de 6000 cas par jour selon Besse [1]. Bauer et al. [2] expliquent que la prévalence de l’ILCC après ELC est de 20 à 40 %.En 2019, Herzog et al. [3] comptent près de 2 millions d’ELC aux États-Unis d’Amérique. Ceux-ci nous expliquent qu’environ 70 % de cette population ayant subi une ELC est à risque de développer une ILCC. Dans le sport de compétition, quel que soit le niveau de celle-ci, 10 à 30 % des blessures sont des ELC.Il est nécessaire de distinguer l’instabilité fonctionnelle (déséquilibre neuromusculaire sans laxité) et l’instabilité sur laxité chronique (déplacement anormal du talus par rapport à la pince bimalléolaire objectivé par l’examen physique via un test en varus forcé et tiroir antérieur). Cette seconde description correspond à l’ILCC. Or, l’instabilité d’une articulation engendre une mauvaise répartition des contraintes lui étant appliquées et favorise ainsi la formation d’arthrose selon Kobayashi et al. [4].Le traitement de l’ILCC est essentiel tant pour la prévention de la dégradation de l’articulation que pour la reprise du sport en toute sécurité.L’ELC concerne le ligament latéral de la cheville ou ligament collatéral fibulaire (LCF). Le LCF comporte 3 faisceaux :– le faisceau antérieur ou ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) ;
– le faisceau moyen ou calcanéo-fibulaire (LCaF) ;
– le faisceau postérieur ou ligament talo-fibulaire postérieur (LTFP).Dans la blessure, un ou plusieurs des faisceaux du LCF présentent une distension ou une rupture, qu’elle soit partielle ou totale. Le traitement de l’ILCC doit par conséquent résoudre l’absence ou l’inefficacité d’une partie du LCF.L’indication chirurgicale relève de la sensation d’instabilité du patient mais également de la laxité du compartiment latéral de la cheville ainsi que du nombre de récidives d’ELC. Ainsi, ce sont les sujets les plus actifs qui seront concernés par ces procédures et plus particulièrement ceux qui souhaitent reprendre une activité sportive.Selon Bauer et al. [2], il existe plusieurs procédures chirurgicales permettant soit la réparation du ligament (procédures de Broström, de Karlsson, de Blanchet, de Duquennoy), ou de ligamentoplasties. Ces techniques se divisent en 2 types de reconstructions selon Yasui et al. [5] : les reconstructions dites anatomiques, suivant le trajet des ligaments formant le LLE et utilisant diverses prises de greffe (tendon du gracile, du fascia lata, du plantaire grêle), et les non anatomiques ou de substitution qui déroutent le tendon du court fibulaire pour former un renfort latéral (procédures de Castaing, de Chrisman-Snook, de Colville, de Watson) [6].Globalement, Shawen et al. [7] dans leur revue de littérature, montrent que les patients ayant bénéficié de chirurgie ligamentaire latérale de la cheville reprennent le sport mais à des niveaux moindres que ceux qu’ils pratiquaient avant blessure. La question qui est soulevée est évidement « Pourquoi ? » car les sujets ont retrouvé une stabilité articulaire physiologique grâce à l’intervention, comme dans l’étude de Keklik et Kiral selon la procédure de Colville [8]. Si le problème ne vient pas de la stabilité articulaire passive, c’est que d’autres critères, propres à chaque individu, doivent être pris en compte afin d’autoriser le retour au sport (RTS) en toute sécurité.La méta-analyse de Kobayashi et al. [4] parue en 2016 a montré qu’il existait certains facteurs de risque pour l’ELC : un IMC élevé, un déficit de mobilité en dorsi-flexion, une diminution de la force des éverseurs en excentrique à basse vitesse et une augmentation de la force de flexion plantaire concentrique rapide, un déficit proprioceptif et par conséquent, des troubles de la posture statique.Ces facteurs sont également retrouvés dans l’ILCC selon les travaux de Miklovic et al. de 2018 [9]. En effet, leur revue statue qu’une réduction de mobilité de la cheville, un déficit de force, des troubles posturaux, sont retrouvés sur le membre lésé.Par ailleurs, ils expliquent que la cinématique de marche, ou de course, est perturbée avec un placement de la cheville en éversion au moment de l’attaque du pas et une augmentation de la flexion de genou (pouvant être restaurée par la rééducation) et que ces observations se retrouvent dans le saut sur une jambe. Ces facteurs sont autant de points sur lesquels il est essentiel d’avoir une fonction restaurée pour autoriser la reprise d’une activité physique, quel que soit le niveau.À notre connaissance, il n’existe pas de littérature qui examine précisément les critères objectifs pouvant autoriser le RTS après ligamentoplastie du LCF dans le traitement de l’ILCC. Nous nous proposons de faire un état des lieux de la littérature et des critères concrets pouvant guider le choix thérapeutique.
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