[article]
Titre : |
LA MÉNOPAUSE : quel accompagnement par le kinésithérapeute ? |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Ghislaine PHILIPPE |
Année de publication : |
2019 |
Article en page(s) : |
p. 35-39 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
INCONTINENCE Ménopause Libido Prolapsus Troubles sexuels d'origine physiologique |
Résumé : |
Le vocable « ménopause » n’apparaît qu’au début du XIXème siècle. On le doit à Charles Gardanne, médecin de charité du 3ème arrondissement de Paris qui, après avoir, dans un ouvrage intitulé « Avis aux femmes qui entrent dans l’âge critique » (1816), emploie le terme « ménespausie » pour plus tard dans la deuxième édition de cet ouvrage (1821), employer celui de ménopause.
La vie de la femme est particulièrement bornée par la menstruation avec deux étapes essentielles : la puberté, qui signe l’accès à la féminité et la ménopause qui la clôt, comme si en dehors du rythme des règles la féminité n’existait pas...Du début du XVIème siècle jusqu’aux années 1880, les traités sur les « maladies des femmes » sont nombreux mais s’intéressent particulièrement à la menstruation. Il est vrai que l’espérance de vie féminine n’étant pas celle d’aujourd’hui, peu de femmes subissaient les effets secondaires du changement hormonal de la ménopause (au milieu du XVIIIème siècle, l’espérance de vie ne dépassait pas 28 ans) ...
En 1776, un médecin anglais, John Fothergill publie un article sur l’arrêt des menstruations qui sera traduit en français en 1788 sous le titre « Conseils aux femmes de 45 à 50 ans sur la conduite à tenir lors de la cessation des règles ». Cet ouvrage ouvre la voie à une série de publications destinées aux femmes, visant, par un ensemble de prescriptions hygiéniques, à les aider à traverser cette période.Le premier livre français entièrement consacré à la ménopause est sans doute celui de Jean-Baptiste Jeannet des Longrois : « Conseils aux femmes de 40 ans », publié en 1787.
Au XIXème et début du XXème siècle, les mécanismes de la ménopause sont mal connus, mais elle est réputée entraîner des troubles redoutables. C’est « l’âge critique » comme nous l’avons entendu signifier par nos grands-mères. En 1949, Simone de Beauvoir parle de la « crise de la ménopause » comme d’une « mutilation » accompagnée d’un « drame moral ».
En 1931, les remèdes proposés aux femmes pour soulager les maux de la ménopause vont de la cure thermale aux greffes d’ovaires, en passant par la saignée, les sangsues, la dérivation intestinale et autres exutoires dont usaient les anciens.En 1939 apparaît l’hormonothérapie mais il faudra attendre la fabrication d’hormones de synthèse plus faciles à manier, pour que cette thérapie se diffuse.Si bien que, pour le plus grand nombre, jusque dans les années 50 (et même au-delà), les troubles de la ménopause ne sont ni prévenus ni soulagés. Ils sont vécus comme une fatalité par des femmes non informées, qui en attendent avec crainte les effets annoncés et vécus par leur mère au risque comme pour les douleurs de l’enfantement, de les anticiper et de les exagérer.
De nos jours, des traitements moins invasifs en phytothérapie, homéopathie, médecines alternatives, soulagent certains effets secondaires et améliorent la qualité de vie. La kinésithérapie et la pelvi-périnéologie occupent une place de choix dans la prévention et la prise en charge de certains troubles invalidants comme les pathologies urinaires et ano-rectales, les troubles de la statique pelvienne et les troubles sexuels. L’accompagnement des activités physiques comme l’entretien de la paroi abdominale, réalisé par un thérapeute éclairé sachant manier les techniques non génératrices de pressions, protégera le plancher pelvien limitant les incontinences et les prolapsus.
Si, de nos jours, la ménopause, malgré ses inconvénients, n’est plus considérée comme l’étape ultime de la séduction, elle est toutefois porteuse d’une forte charge symbolique. En perdant la faculté de procréer, la femme se voit tout d’abord privé de l’extraordinaire pouvoir qu’elle détenait dans la reproduction de l’espèce et la perpétuation des générations. Elle cesse d’incarner les vertus sociales attachées à la maternité pour avancer dans le dernier parcours de la vie où les phénomènes de vieillissement accentués par les modifications hormonales (rides, prise de poids, modification de la structure mammaire, ostéoporose, perte de désir...) sont annonciatrices de la vieillesse et du peu de temps restant.
Psychologiquement, la ménopause est une période difficile à vivre d’où l’expression de « période critique, retour d’âge » car période de retour sur soi, d’interrogation, de remise en question face au vieillissement, à la séduction, au couple, à la perte de la maternité possible, à la place dans la société et au temps qui passe... |
Permalink : |
./index.php?lvl=notice_display&id=78929 |
in Kinésithérapie scientifique > 607 (Mars 2019) . - p. 35-39
[article] LA MÉNOPAUSE : quel accompagnement par le kinésithérapeute ? [texte imprimé] / Ghislaine PHILIPPE . - 2019 . - p. 35-39. Langues : Français ( fre) in Kinésithérapie scientifique > 607 (Mars 2019) . - p. 35-39
Mots-clés : |
INCONTINENCE Ménopause Libido Prolapsus Troubles sexuels d'origine physiologique |
Résumé : |
Le vocable « ménopause » n’apparaît qu’au début du XIXème siècle. On le doit à Charles Gardanne, médecin de charité du 3ème arrondissement de Paris qui, après avoir, dans un ouvrage intitulé « Avis aux femmes qui entrent dans l’âge critique » (1816), emploie le terme « ménespausie » pour plus tard dans la deuxième édition de cet ouvrage (1821), employer celui de ménopause.
La vie de la femme est particulièrement bornée par la menstruation avec deux étapes essentielles : la puberté, qui signe l’accès à la féminité et la ménopause qui la clôt, comme si en dehors du rythme des règles la féminité n’existait pas...Du début du XVIème siècle jusqu’aux années 1880, les traités sur les « maladies des femmes » sont nombreux mais s’intéressent particulièrement à la menstruation. Il est vrai que l’espérance de vie féminine n’étant pas celle d’aujourd’hui, peu de femmes subissaient les effets secondaires du changement hormonal de la ménopause (au milieu du XVIIIème siècle, l’espérance de vie ne dépassait pas 28 ans) ...
En 1776, un médecin anglais, John Fothergill publie un article sur l’arrêt des menstruations qui sera traduit en français en 1788 sous le titre « Conseils aux femmes de 45 à 50 ans sur la conduite à tenir lors de la cessation des règles ». Cet ouvrage ouvre la voie à une série de publications destinées aux femmes, visant, par un ensemble de prescriptions hygiéniques, à les aider à traverser cette période.Le premier livre français entièrement consacré à la ménopause est sans doute celui de Jean-Baptiste Jeannet des Longrois : « Conseils aux femmes de 40 ans », publié en 1787.
Au XIXème et début du XXème siècle, les mécanismes de la ménopause sont mal connus, mais elle est réputée entraîner des troubles redoutables. C’est « l’âge critique » comme nous l’avons entendu signifier par nos grands-mères. En 1949, Simone de Beauvoir parle de la « crise de la ménopause » comme d’une « mutilation » accompagnée d’un « drame moral ».
En 1931, les remèdes proposés aux femmes pour soulager les maux de la ménopause vont de la cure thermale aux greffes d’ovaires, en passant par la saignée, les sangsues, la dérivation intestinale et autres exutoires dont usaient les anciens.En 1939 apparaît l’hormonothérapie mais il faudra attendre la fabrication d’hormones de synthèse plus faciles à manier, pour que cette thérapie se diffuse.Si bien que, pour le plus grand nombre, jusque dans les années 50 (et même au-delà), les troubles de la ménopause ne sont ni prévenus ni soulagés. Ils sont vécus comme une fatalité par des femmes non informées, qui en attendent avec crainte les effets annoncés et vécus par leur mère au risque comme pour les douleurs de l’enfantement, de les anticiper et de les exagérer.
De nos jours, des traitements moins invasifs en phytothérapie, homéopathie, médecines alternatives, soulagent certains effets secondaires et améliorent la qualité de vie. La kinésithérapie et la pelvi-périnéologie occupent une place de choix dans la prévention et la prise en charge de certains troubles invalidants comme les pathologies urinaires et ano-rectales, les troubles de la statique pelvienne et les troubles sexuels. L’accompagnement des activités physiques comme l’entretien de la paroi abdominale, réalisé par un thérapeute éclairé sachant manier les techniques non génératrices de pressions, protégera le plancher pelvien limitant les incontinences et les prolapsus.
Si, de nos jours, la ménopause, malgré ses inconvénients, n’est plus considérée comme l’étape ultime de la séduction, elle est toutefois porteuse d’une forte charge symbolique. En perdant la faculté de procréer, la femme se voit tout d’abord privé de l’extraordinaire pouvoir qu’elle détenait dans la reproduction de l’espèce et la perpétuation des générations. Elle cesse d’incarner les vertus sociales attachées à la maternité pour avancer dans le dernier parcours de la vie où les phénomènes de vieillissement accentués par les modifications hormonales (rides, prise de poids, modification de la structure mammaire, ostéoporose, perte de désir...) sont annonciatrices de la vieillesse et du peu de temps restant.
Psychologiquement, la ménopause est une période difficile à vivre d’où l’expression de « période critique, retour d’âge » car période de retour sur soi, d’interrogation, de remise en question face au vieillissement, à la séduction, au couple, à la perte de la maternité possible, à la place dans la société et au temps qui passe... |
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