[article]
Titre : |
Neurorééducation fonctionnelle par séquences motrices Une rééducation fonctionnelle morphocinétique pour les personnes neurodéficitaires (1ère partie) |
Type de document : |
document graphique à deux dimensions |
Auteurs : |
Francis LAURENT |
Année de publication : |
2025 |
Article en page(s) : |
p. 21-31 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
rééducation morphocinétique qualitative rééducation restauratrice à la recherche du « mouvement perdu |
Résumé : |
Pascal disait : « Je ne peux concevoir le tout sans concevoir les parties et je ne peux concevoir les parties sans concevoir le tout. ». La question est de savoir jusqu’où fragmenter la partie ?Dès 1916, Kouindjy [1] avait défini 4 moyens en kinésithérapie : la mobilisation passive qu’il appelait « mobilisation méthodique », la massothérapie, la mécanothérapie et la rééducation qu’il divisait en 3 types de mouvements :
– la rééducation analytique qu’il appelait « mouvements simples » ;
– les mouvements composés, qui intéressent un membre ou le tronc ;
– la rééducation fonctionnelle « marche, écriture, préhension des actes professionnels » ;
La rééducation à la marche contient 4 chapitres :
– les aides techniques : rollator, 2 cannes, 1 canne ;
– chacune des 4 phases de la marche avec appui, sans appui ;
– séquences de marches courtes à obstacles dans les parallèles, hors parallèles, latérales, en pente, yeux fermés, etc. ;
– automatisation par la double tâche en comptant.
On en est toujours là. Le but est fonctionnel, mais les moyens de la kinésithérapie sont surtout axés sur la forme du mouvement (habiletés morphocinétiques) [2]. Les habiletés topocinétiques sont utilisées comme objectif et jamais comme moyen d’automatiser. (cf. KS 671).
La rééducation morphocinétique qualitative est largement pratiquée en kinésithérapie des personnes « neurovalides ». Le kinésithérapeute (MK) corrige le « défaut » et apprend à la personne à lutter contre les compensations en se référant au modèle standard : « Attaquez du talon ! Déroulez le pas ! ».
Mais en neurologie, passée la période de diaschisis, une partie des circuits neurologiques sont détruits. Répétons cette Lapalissade : les personnes neurolésées ne peuvent bouger qu’avec les neurones restants. Les neurones restants s’auto-organisent pour créer des « compensations », ce que l’on a appelé dans l’article précédent la« kuisinethérapie, l’art d’accommoder les restes ». Or, la neurorééducation de la deuxième moitié du 20e siècle était dominée par les théories restauratrices qui entendaient lutter contre ces compensations.
La méthode Bobath était dans le même paradigme que Kouindjy : rééducation restauratrice à la recherche du « mouvement perdu » (« comme avant »). Cela coïncide avec le désir et le projet du patient : « restaurer » le mouvement tel qu’il était avant. Dans les parésies cérébrales infantiles, les rééducateurs bobathiens cherchaient à se rapprocher du mouvement « standard » (ou typique). Ils donnaient des appréciations esthétiques et bannissaient toute compensation. On entend encore dans les salles : « Je ne vous demande pas de marcher vite, je vous demande de marcher bien. ». Mais, ce n’est pas parce que la personne attaque 8 fois du talon déficitaire sur une piste de 10 mètres qu’elle pourra le faire 800 fois sur 1 km.
En neurologie, il y a 99 nuances de parésies suivant que la personne a perdu 1 ou 99 % de ses neurones efférents qui se combinent à 99 nuances d’altérations de structures sensitives et proprioceptives qui se combinent à 99 nuances de troubles cognitifs et de communications. C’est pourquoi on entend toujours dire dans les salles de neurorééducation : « Les hémiplégiques, ils sont tous différents. ». Que dire des quadriparétiques ? |
Permalink : |
./index.php?lvl=notice_display&id=122716 |
in Kinésithérapie scientifique > 673 (mars 2025) . - p. 21-31
[article] Neurorééducation fonctionnelle par séquences motrices Une rééducation fonctionnelle morphocinétique pour les personnes neurodéficitaires (1ère partie) [document graphique à deux dimensions] / Francis LAURENT . - 2025 . - p. 21-31. Langues : Français ( fre) in Kinésithérapie scientifique > 673 (mars 2025) . - p. 21-31
Mots-clés : |
rééducation morphocinétique qualitative rééducation restauratrice à la recherche du « mouvement perdu |
Résumé : |
Pascal disait : « Je ne peux concevoir le tout sans concevoir les parties et je ne peux concevoir les parties sans concevoir le tout. ». La question est de savoir jusqu’où fragmenter la partie ?Dès 1916, Kouindjy [1] avait défini 4 moyens en kinésithérapie : la mobilisation passive qu’il appelait « mobilisation méthodique », la massothérapie, la mécanothérapie et la rééducation qu’il divisait en 3 types de mouvements :
– la rééducation analytique qu’il appelait « mouvements simples » ;
– les mouvements composés, qui intéressent un membre ou le tronc ;
– la rééducation fonctionnelle « marche, écriture, préhension des actes professionnels » ;
La rééducation à la marche contient 4 chapitres :
– les aides techniques : rollator, 2 cannes, 1 canne ;
– chacune des 4 phases de la marche avec appui, sans appui ;
– séquences de marches courtes à obstacles dans les parallèles, hors parallèles, latérales, en pente, yeux fermés, etc. ;
– automatisation par la double tâche en comptant.
On en est toujours là. Le but est fonctionnel, mais les moyens de la kinésithérapie sont surtout axés sur la forme du mouvement (habiletés morphocinétiques) [2]. Les habiletés topocinétiques sont utilisées comme objectif et jamais comme moyen d’automatiser. (cf. KS 671).
La rééducation morphocinétique qualitative est largement pratiquée en kinésithérapie des personnes « neurovalides ». Le kinésithérapeute (MK) corrige le « défaut » et apprend à la personne à lutter contre les compensations en se référant au modèle standard : « Attaquez du talon ! Déroulez le pas ! ».
Mais en neurologie, passée la période de diaschisis, une partie des circuits neurologiques sont détruits. Répétons cette Lapalissade : les personnes neurolésées ne peuvent bouger qu’avec les neurones restants. Les neurones restants s’auto-organisent pour créer des « compensations », ce que l’on a appelé dans l’article précédent la« kuisinethérapie, l’art d’accommoder les restes ». Or, la neurorééducation de la deuxième moitié du 20e siècle était dominée par les théories restauratrices qui entendaient lutter contre ces compensations.
La méthode Bobath était dans le même paradigme que Kouindjy : rééducation restauratrice à la recherche du « mouvement perdu » (« comme avant »). Cela coïncide avec le désir et le projet du patient : « restaurer » le mouvement tel qu’il était avant. Dans les parésies cérébrales infantiles, les rééducateurs bobathiens cherchaient à se rapprocher du mouvement « standard » (ou typique). Ils donnaient des appréciations esthétiques et bannissaient toute compensation. On entend encore dans les salles : « Je ne vous demande pas de marcher vite, je vous demande de marcher bien. ». Mais, ce n’est pas parce que la personne attaque 8 fois du talon déficitaire sur une piste de 10 mètres qu’elle pourra le faire 800 fois sur 1 km.
En neurologie, il y a 99 nuances de parésies suivant que la personne a perdu 1 ou 99 % de ses neurones efférents qui se combinent à 99 nuances d’altérations de structures sensitives et proprioceptives qui se combinent à 99 nuances de troubles cognitifs et de communications. C’est pourquoi on entend toujours dire dans les salles de neurorééducation : « Les hémiplégiques, ils sont tous différents. ». Que dire des quadriparétiques ? |
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