[article]
Titre : |
L'usage de l'instillation chez les patients adultes intubés/ventilés ou trachéotomisés Une enquête des pratiques chez les masseurs-kinésithérapeutes en service de réanimation |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Camille Peloux de Reydellet de Chavagnac ; Guillaume Cottereau |
Année de publication : |
2023 |
Article en page(s) : |
p. 37-46 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
aspiration endotrachéale kinésithérapie respiratoire instillation |
Résumé : |
Dans le cadre de la réalisation du mémoire de fin d'études, mon intérêt s'est porté sur la pratique de l'instillation chez les masseurs-kinésithérapeutes travaillant en service de réanimation.
CONTEXTE
La ventilation mécanique invasive, par intubation orotrachéale ou trachéotomie, permet de pallier la déficience de la ventilation spontanée d’un patient en favorisant les échanges gazeux, mais également de protéger les voies aériennes d’un patient comateux ou cérébro-lésé [1-3].
L’intubation orotrachéale (IOT) est utilisée chez les patients en état critique, lors d’épisodes aigus, alors que le recours à la trachéotomie se retrouve lors de cas de sevrage ventilatoire difficile ou prolongé [1, 4, 5].
La clairance mucociliaire, chez les patients porteurs d’une prothèse endotrachéale et ventilés, est altérée pour de multiples raisons. La sédation souvent associée à l’IOT engendre une diminution de la toux, et de l’activité ciliaire. L’insufflation dans les voies aériennes d’un mélange gazeux souvent insuffisamment hydraté et réchauffé est à l’origine d’une irritation de la muqueuse trachéo-bronchique pouvant entraîner une inflammation et une hypersécrétion bronchique.
Elle peut également concourir à la déshydratation du mucus dans les voies aériennes ce qui en modifie les qualités rhéologiques et en augmente sa stagnation avec un risque infectieux accru, pouvant participer à l’apparition de troubles de la ventilation [2, 3, 6-9]. Il existe donc une inadéquation entre la modification qualitative et/ou quantitative des sécrétions et la diminution des capacités des patients à les évacuer [1-3, 10-12].
Cette réduction d’activité ciliaire est à l’origine d’un encombrement bronchique, défini comme « la stagnation dans les voies aériennes du mucus bronchique en quantité/qualité rhéologique normale ou pathologique » [13]. Cet encombrement bronchique est aussi une des causes d’échec d’extubation, surtout lorsque les sécrétions bronchiques sont épaisses et/ou en quantité importante [14].
Le désencombrement bronchique a pour but de mobiliser les sécrétions au sein de l’arbre bronchique afin d’en favoriser leur évacuation. Cela permet d’améliorer dans certains cas la fonction pulmonaire mais aussi l’hématose. Chez les patients intubés ou trachéotomisés, une aspiration endotrachéale (AET) doit être effectuée pour évacuer les sécrétions. Elle est indispensable au maintien de la perméabilité des voies aériennes [15].
Considérée comme faisant partie intégrante de la séance de la kinésithérapie respiratoire par certains auteurs [2, 8, 16], l’AET est un geste invasif qui doit être pratiqué à bon escient aux vues de nombreuses conséquences sur le plan hémodynamique comme sur celui de l’hématose [17-24]. La nécessité de l’AET doit dépendre de l’auscultation pulmonaire, des besoins du patient et de la quantité de sécrétions bronchiques [2, 8].
L’instillation consiste en l’introduction, directement dans la sonde d’intubation ou de trachéotomie, de quelques millilitres de sérum physiologique. Elle est utilisée principalement lors de toilette bronchique comme facilitateur au désencombrement bronchique [6]. Son utilité est décrite comme permettant d’augmenter la quantité de sécrétions aspirées, de lubrifier la sonde d’intubation ou trachéotomie, de stimuler la toux et donc d’aider à la clairance muco-ciliaire [25].
Ce geste, parfois pluriquotidien, est largement controversé dans la littérature. L’American Association of Respiratory Care (AARC) [17] ne recommande pas l’instillation au regard des effets délétères pour le patient. D’autres auteurs trouvent soit qu’elle ne présente aucun avantage, soit qu’utilisée à bon escient elle permet de provoquer la toux des patients [14, 26].
Les conséquences cliniques immédiates les plus retrouvées dans la littérature sont la désaturation, la tachycardie, la dyspnée, une perception d’inconfort, voire de douleur, et l’anxiété [17-24].
Bien que reconnue comme potentiellement dangereuse pour les patients, la pratique de l’instillation reste courante dans les services de réanimation, dans la population des professionnels infirmiers comme chez les masseurs-kinésithérapeutes (MK) [18, 22].
L’objectif de ce travail est donc de faire l’état des lieux des connaissances et des pratiques actuelles des MK quant à l’instillation chez les patients adultes porteurs d’une prothèse endotrachéale, et d’en souligner les déterminants. |
Permalink : |
./index.php?lvl=notice_display&id=108361 |
in Kinésithérapie scientifique > 649 (janvier 2023) . - p. 37-46
[article] L'usage de l'instillation chez les patients adultes intubés/ventilés ou trachéotomisés Une enquête des pratiques chez les masseurs-kinésithérapeutes en service de réanimation [texte imprimé] / Camille Peloux de Reydellet de Chavagnac ; Guillaume Cottereau . - 2023 . - p. 37-46. Langues : Français ( fre) in Kinésithérapie scientifique > 649 (janvier 2023) . - p. 37-46
Mots-clés : |
aspiration endotrachéale kinésithérapie respiratoire instillation |
Résumé : |
Dans le cadre de la réalisation du mémoire de fin d'études, mon intérêt s'est porté sur la pratique de l'instillation chez les masseurs-kinésithérapeutes travaillant en service de réanimation.
CONTEXTE
La ventilation mécanique invasive, par intubation orotrachéale ou trachéotomie, permet de pallier la déficience de la ventilation spontanée d’un patient en favorisant les échanges gazeux, mais également de protéger les voies aériennes d’un patient comateux ou cérébro-lésé [1-3].
L’intubation orotrachéale (IOT) est utilisée chez les patients en état critique, lors d’épisodes aigus, alors que le recours à la trachéotomie se retrouve lors de cas de sevrage ventilatoire difficile ou prolongé [1, 4, 5].
La clairance mucociliaire, chez les patients porteurs d’une prothèse endotrachéale et ventilés, est altérée pour de multiples raisons. La sédation souvent associée à l’IOT engendre une diminution de la toux, et de l’activité ciliaire. L’insufflation dans les voies aériennes d’un mélange gazeux souvent insuffisamment hydraté et réchauffé est à l’origine d’une irritation de la muqueuse trachéo-bronchique pouvant entraîner une inflammation et une hypersécrétion bronchique.
Elle peut également concourir à la déshydratation du mucus dans les voies aériennes ce qui en modifie les qualités rhéologiques et en augmente sa stagnation avec un risque infectieux accru, pouvant participer à l’apparition de troubles de la ventilation [2, 3, 6-9]. Il existe donc une inadéquation entre la modification qualitative et/ou quantitative des sécrétions et la diminution des capacités des patients à les évacuer [1-3, 10-12].
Cette réduction d’activité ciliaire est à l’origine d’un encombrement bronchique, défini comme « la stagnation dans les voies aériennes du mucus bronchique en quantité/qualité rhéologique normale ou pathologique » [13]. Cet encombrement bronchique est aussi une des causes d’échec d’extubation, surtout lorsque les sécrétions bronchiques sont épaisses et/ou en quantité importante [14].
Le désencombrement bronchique a pour but de mobiliser les sécrétions au sein de l’arbre bronchique afin d’en favoriser leur évacuation. Cela permet d’améliorer dans certains cas la fonction pulmonaire mais aussi l’hématose. Chez les patients intubés ou trachéotomisés, une aspiration endotrachéale (AET) doit être effectuée pour évacuer les sécrétions. Elle est indispensable au maintien de la perméabilité des voies aériennes [15].
Considérée comme faisant partie intégrante de la séance de la kinésithérapie respiratoire par certains auteurs [2, 8, 16], l’AET est un geste invasif qui doit être pratiqué à bon escient aux vues de nombreuses conséquences sur le plan hémodynamique comme sur celui de l’hématose [17-24]. La nécessité de l’AET doit dépendre de l’auscultation pulmonaire, des besoins du patient et de la quantité de sécrétions bronchiques [2, 8].
L’instillation consiste en l’introduction, directement dans la sonde d’intubation ou de trachéotomie, de quelques millilitres de sérum physiologique. Elle est utilisée principalement lors de toilette bronchique comme facilitateur au désencombrement bronchique [6]. Son utilité est décrite comme permettant d’augmenter la quantité de sécrétions aspirées, de lubrifier la sonde d’intubation ou trachéotomie, de stimuler la toux et donc d’aider à la clairance muco-ciliaire [25].
Ce geste, parfois pluriquotidien, est largement controversé dans la littérature. L’American Association of Respiratory Care (AARC) [17] ne recommande pas l’instillation au regard des effets délétères pour le patient. D’autres auteurs trouvent soit qu’elle ne présente aucun avantage, soit qu’utilisée à bon escient elle permet de provoquer la toux des patients [14, 26].
Les conséquences cliniques immédiates les plus retrouvées dans la littérature sont la désaturation, la tachycardie, la dyspnée, une perception d’inconfort, voire de douleur, et l’anxiété [17-24].
Bien que reconnue comme potentiellement dangereuse pour les patients, la pratique de l’instillation reste courante dans les services de réanimation, dans la population des professionnels infirmiers comme chez les masseurs-kinésithérapeutes (MK) [18, 22].
L’objectif de ce travail est donc de faire l’état des lieux des connaissances et des pratiques actuelles des MK quant à l’instillation chez les patients adultes porteurs d’une prothèse endotrachéale, et d’en souligner les déterminants. |
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