[article]
Titre : |
Epreuves de citoyenneté et radicalités |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Julien Tardif, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Janie Pélabay ; Meryem Sellami ; Joëlle Bordet ; Eric Dacheux ; Alain Ruffion ; Marie Bruniquel ; Sylvain Havez ; Sylvain Gomez |
Année de publication : |
2024 |
Article en page(s) : |
p. 10- |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
TS Citoyenneté # Démocratie # Écologie # Equipements sportifs # Femmes et religion # Femmes et religion:Femmes et Islam # Islam:Islam -- Coutumes et pratiques:Voiles islamiques # Partis politiques:Écologisme # Politique publique # Radicalisation violente:Radicalisation violente -- Prévention # Société numérique
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Résumé : |
"Ce numéro s’ouvre donc sur une définition de la citoyenneté proposée par Janie PELABAY depuis la philosophie. La radicalité est-elle une mesure ambiguë d’un écart à la posture normative sous-tendue dans la citoyenneté comme « adhésion à un socle de valeurs communes » ? L’interprétation de cet écart à « la bonne » citoyenneté, semble être l’objet de la controverse aussi bien dans l’activité de la gouvernance publique que dans la recherche en philosophie politique et morale.
Le texte de Meryem SELLAMI vient donner corps à l’« épaisseur » d’une vision culturelle et morale de la citoyenneté décrite par le texte précédent, par l’analyse de l’instrumentalisation politique d’une pratique religieuse et par voie de conséquence, du fait d’être une femme. Elle propose une ethnographie de l’adolescente tunisienne pour définir le voile islamique dans une fonction de protection de son intimité dans l’espace public. En cela elle mobilise une approche interactionniste ou relationnelle du sujet et de la socialité aux prises avec les violences du corps social de la radicalité de l’injonction à se conformer, ici à « se dévoiler ».
Joëlle BORDET aborde, la mise en débat de ce qu’elle nomme « la saillance publique d’un « péril jeune » », aussi bien dans les rapports structurels avec la police, dans les émeutes urbaines ou dans l’étude de la constitution des filières de départs de mineurs ou jeunes majeurs dans les zones de conflits irako-syriens depuis les années 2010. Sa démarche de recherche intervention associant les pouvoirs publics au national comme au local, les personnes morales associatives, les habitants et travailleurs sociaux, décrit dans l’action en train de se faire cette façon de produire de la citoyenneté sur les territoires des quartiers populaires, comme dans le rapport au numérique, avec et auprès des adultes de demain.
Éric DACHEUX, poursuit le débat du texte précédent sur les territoires du numérique et ses effets dans la socialisation par le prisme des théories de la communication et de l’information. L’auteur démontre l’intérêt de distinguer l’expression (au sens de liberté d’expression), de la communication et estime que le déploiement de notre présence en ligne pour être en connexion, en dehors de la co-présence dans l’espace et le temps, est un simulacre de relation ne permettant nullement de déployer les conditions d’une pacification des rapports sociaux et d’œuvrer à renforcer la qualité du débat démocratique.
Sébastien BOUSSOIS nous donne l’occasion d’une seconde contribution depuis l’étranger, en présentant dans le détail l’action publique du Royaume de Belgique dans la prévention de l’extrémisme religieux islamique appelant au combat en zones irako-syrienne. C’est la démonstration que la dérégulation de la liberté d’expression sur l’espace numérique a fait des ravages auprès de notre jeunesse et a permis aux recruteurs et prêcheurs de haine de saper les soubassements démocratiques. L’auteur décrit les ressorts d’une mobilisation des familles concernées dans la construction d’une politique publique de soutien psychologique aux familles d’enfants parties sur zone, les démarches pédagogiques de protection du stigmate à l’encontre de ces familles et la politique de retour des enfants du « jihad ». C’est un rappel du caractère heuristique de la démonstration en filigrane de ce numéro de la revue FORUM : la citoyenneté engage autant l’État que ses administrés, c’est le principe démocratique du sujet de droit, comme de la subsidiarité en protection de l’enfance.
Idrissa MANÉ et Jocelyn LACHANCE traitent d’une tout autre forme de radicalité, celle de la dénonciation d’une citoyenneté écologique et responsable, jugée dévoyée et compromise avec les pouvoirs du grand capital, tout autant que celle de la posture du citoyen sensibilisé à la cause environnementale. Quelles conceptions de l’environnement et de l’engagement ont ces personnes qui se vivent comme les véritables citoyens du monde préservant la planète des dangers climatiques et des catastrophes industrielles qui la menacent ? Par une enquête ethnographique que l’on pourrait qualifier de motivationnelle, les auteurs investiguent comment nait une prise de conscience et quels sont les épreuves émotionnelles comme le sentiment de culpabilité dont il faut se défaire afin de pouvoir passer à l’action violente.
La contribution d’Alain RUFFION met à la disposition du lecteur francophone, tout le foisonnement de la recherche anglo-saxonne en psychologie et éducation positive qui va bien au-delà du champ d’application présenté ici, de la jeunesse en proie à la radicalisation violente. Il déploie toute une gamme éprouvée scientifiquement de pédagogies immersives dans les besoins fondamentaux de l’humain, à tous les stades de son développement neuro-psycho-affectif.
Marie BRUNIQUEL illustre le propos précédent par le témoignage des professionnels du secteur des CHRS qui décrivent une épreuve de déshumanisation du « prendre soin » des personnes vulnérables par le new public management dans la contractualisation avec les pouvoirs publics et l’application du droit au logement opposable.
Les contributions de Sylvain HAVEZ et Sylvain GOMEZ interrogent le rôle du sport dans l’émergence d’une éducation à la citoyenneté, ou ce que nous enseigne le judo pour la gestion des situations de crise dans le secteur éducatif.
Le premier, de sa place de cadre de l’État ayant œuvré à la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024, nous informe du rôle de l’action publique dans le déploiement des équipements sportifs sur le territoire national afin de rendre le sport accessible à tous, notamment de dojos. Plus encore il a eu à mettre en pratique des démarches innovantes de croisement des usages d’équipements sportifs entre le secteur associatif (maison de quartier) et le secteur de la protection judiciaire de la jeunesse et en démontre tout l’intérêt.
Le second, Sylvain GOMEZ, chef de service (diplômé du CAFERUIS), en centre éducatif renforcé (C.E.R.) témoigne, quant à lui, des conditions de possibilités de la mise en œuvre, dans son service, d’une triade institutionnelle, éducative et physique pour faire de la contenance une bonne pratique professionnelle alors que le tabou du toucher du corps imprègne totalement le secteur social et médico-social. Il a développé également une démarche de formateur sur cette technique d’anticipation et d’intervention en situation de crise, dans les ESSMS qui lui donne un certain recul riche d’enseignements.
Poser des jalons pour l’action publique qu’elle soit institutionnelle ou associative pour faire face à ces épreuves de citoyenneté, nous a permis d’ajouter une analyse du sens moral de nos actions, au-delà de la seule quête de véracité / vérité de nos raisonnements. Les recherches-actions sur l’apprentissage du libre arbitre, le bon usage du scrupule, la considération autour de la dignité humaine, l’éducation positive, le statut de la personne concernée, viennent renouveler les approches classiques du droit public dans le secteur social et médico-social." |
Note de contenu : |
Sommaire
La citoyenneté à l’épreuve des « valeurs de la République », et réciproquement (J. Pélabay) / Anthropologie du voile chez les adolescente maghrébines : entre résistance et consentement (M. Sellami) / Du virtuel au présentiel : de l'assignation au territoire, à la confrontation permanente à l'actualité du monde (J. Bordet) / Les dangers démocratiques de la connexion numérique (E. Dacheux) / De la prévention primaire à la prise en charge de djihadistes "revenants" majeurs et mineurs en Belgique : un enjeu de citoyenneté (S. Boussois) / La citoyenneté à l'épreuve de la radicalisation et de la radicalité écologique (I. Mané, J. Lachance) / Enseignements d'un diagnostic approfondi des processus d'extrémisme et de radicalisation violente pour l'éducation à la citoyenneté (A. Ruffion) / L'inconditionnalité de l'accueil des personnes vulnérables à l'épreuve du new public management : le cas des CHRS franciliens (M. Bruniquel) / L'implantation d'équipements sportifs à la croisée du champ social (S. Havez) / La contenance institutionnelle, éducative et physique : triptyque indissociable du pouvoir d'agir au sein de l'institution et de la clinique éducative (S. Gomez) |
En ligne : |
Au Sénégal, une grande majorité de la population (sur)vit grâce à l’économie inf [...] |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmblln/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=40735 |
in Forum > 173 (2024) . - p. 10-
[article] Epreuves de citoyenneté et radicalités [texte imprimé] / Julien Tardif, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Janie Pélabay ; Meryem Sellami ; Joëlle Bordet ; Eric Dacheux ; Alain Ruffion ; Marie Bruniquel ; Sylvain Havez ; Sylvain Gomez . - 2024 . - p. 10-. Langues : Français ( fre) in Forum > 173 (2024) . - p. 10-
Catégories : |
TS Citoyenneté # Démocratie # Écologie # Equipements sportifs # Femmes et religion # Femmes et religion:Femmes et Islam # Islam:Islam -- Coutumes et pratiques:Voiles islamiques # Partis politiques:Écologisme # Politique publique # Radicalisation violente:Radicalisation violente -- Prévention # Société numérique
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Résumé : |
"Ce numéro s’ouvre donc sur une définition de la citoyenneté proposée par Janie PELABAY depuis la philosophie. La radicalité est-elle une mesure ambiguë d’un écart à la posture normative sous-tendue dans la citoyenneté comme « adhésion à un socle de valeurs communes » ? L’interprétation de cet écart à « la bonne » citoyenneté, semble être l’objet de la controverse aussi bien dans l’activité de la gouvernance publique que dans la recherche en philosophie politique et morale.
Le texte de Meryem SELLAMI vient donner corps à l’« épaisseur » d’une vision culturelle et morale de la citoyenneté décrite par le texte précédent, par l’analyse de l’instrumentalisation politique d’une pratique religieuse et par voie de conséquence, du fait d’être une femme. Elle propose une ethnographie de l’adolescente tunisienne pour définir le voile islamique dans une fonction de protection de son intimité dans l’espace public. En cela elle mobilise une approche interactionniste ou relationnelle du sujet et de la socialité aux prises avec les violences du corps social de la radicalité de l’injonction à se conformer, ici à « se dévoiler ».
Joëlle BORDET aborde, la mise en débat de ce qu’elle nomme « la saillance publique d’un « péril jeune » », aussi bien dans les rapports structurels avec la police, dans les émeutes urbaines ou dans l’étude de la constitution des filières de départs de mineurs ou jeunes majeurs dans les zones de conflits irako-syriens depuis les années 2010. Sa démarche de recherche intervention associant les pouvoirs publics au national comme au local, les personnes morales associatives, les habitants et travailleurs sociaux, décrit dans l’action en train de se faire cette façon de produire de la citoyenneté sur les territoires des quartiers populaires, comme dans le rapport au numérique, avec et auprès des adultes de demain.
Éric DACHEUX, poursuit le débat du texte précédent sur les territoires du numérique et ses effets dans la socialisation par le prisme des théories de la communication et de l’information. L’auteur démontre l’intérêt de distinguer l’expression (au sens de liberté d’expression), de la communication et estime que le déploiement de notre présence en ligne pour être en connexion, en dehors de la co-présence dans l’espace et le temps, est un simulacre de relation ne permettant nullement de déployer les conditions d’une pacification des rapports sociaux et d’œuvrer à renforcer la qualité du débat démocratique.
Sébastien BOUSSOIS nous donne l’occasion d’une seconde contribution depuis l’étranger, en présentant dans le détail l’action publique du Royaume de Belgique dans la prévention de l’extrémisme religieux islamique appelant au combat en zones irako-syrienne. C’est la démonstration que la dérégulation de la liberté d’expression sur l’espace numérique a fait des ravages auprès de notre jeunesse et a permis aux recruteurs et prêcheurs de haine de saper les soubassements démocratiques. L’auteur décrit les ressorts d’une mobilisation des familles concernées dans la construction d’une politique publique de soutien psychologique aux familles d’enfants parties sur zone, les démarches pédagogiques de protection du stigmate à l’encontre de ces familles et la politique de retour des enfants du « jihad ». C’est un rappel du caractère heuristique de la démonstration en filigrane de ce numéro de la revue FORUM : la citoyenneté engage autant l’État que ses administrés, c’est le principe démocratique du sujet de droit, comme de la subsidiarité en protection de l’enfance.
Idrissa MANÉ et Jocelyn LACHANCE traitent d’une tout autre forme de radicalité, celle de la dénonciation d’une citoyenneté écologique et responsable, jugée dévoyée et compromise avec les pouvoirs du grand capital, tout autant que celle de la posture du citoyen sensibilisé à la cause environnementale. Quelles conceptions de l’environnement et de l’engagement ont ces personnes qui se vivent comme les véritables citoyens du monde préservant la planète des dangers climatiques et des catastrophes industrielles qui la menacent ? Par une enquête ethnographique que l’on pourrait qualifier de motivationnelle, les auteurs investiguent comment nait une prise de conscience et quels sont les épreuves émotionnelles comme le sentiment de culpabilité dont il faut se défaire afin de pouvoir passer à l’action violente.
La contribution d’Alain RUFFION met à la disposition du lecteur francophone, tout le foisonnement de la recherche anglo-saxonne en psychologie et éducation positive qui va bien au-delà du champ d’application présenté ici, de la jeunesse en proie à la radicalisation violente. Il déploie toute une gamme éprouvée scientifiquement de pédagogies immersives dans les besoins fondamentaux de l’humain, à tous les stades de son développement neuro-psycho-affectif.
Marie BRUNIQUEL illustre le propos précédent par le témoignage des professionnels du secteur des CHRS qui décrivent une épreuve de déshumanisation du « prendre soin » des personnes vulnérables par le new public management dans la contractualisation avec les pouvoirs publics et l’application du droit au logement opposable.
Les contributions de Sylvain HAVEZ et Sylvain GOMEZ interrogent le rôle du sport dans l’émergence d’une éducation à la citoyenneté, ou ce que nous enseigne le judo pour la gestion des situations de crise dans le secteur éducatif.
Le premier, de sa place de cadre de l’État ayant œuvré à la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024, nous informe du rôle de l’action publique dans le déploiement des équipements sportifs sur le territoire national afin de rendre le sport accessible à tous, notamment de dojos. Plus encore il a eu à mettre en pratique des démarches innovantes de croisement des usages d’équipements sportifs entre le secteur associatif (maison de quartier) et le secteur de la protection judiciaire de la jeunesse et en démontre tout l’intérêt.
Le second, Sylvain GOMEZ, chef de service (diplômé du CAFERUIS), en centre éducatif renforcé (C.E.R.) témoigne, quant à lui, des conditions de possibilités de la mise en œuvre, dans son service, d’une triade institutionnelle, éducative et physique pour faire de la contenance une bonne pratique professionnelle alors que le tabou du toucher du corps imprègne totalement le secteur social et médico-social. Il a développé également une démarche de formateur sur cette technique d’anticipation et d’intervention en situation de crise, dans les ESSMS qui lui donne un certain recul riche d’enseignements.
Poser des jalons pour l’action publique qu’elle soit institutionnelle ou associative pour faire face à ces épreuves de citoyenneté, nous a permis d’ajouter une analyse du sens moral de nos actions, au-delà de la seule quête de véracité / vérité de nos raisonnements. Les recherches-actions sur l’apprentissage du libre arbitre, le bon usage du scrupule, la considération autour de la dignité humaine, l’éducation positive, le statut de la personne concernée, viennent renouveler les approches classiques du droit public dans le secteur social et médico-social." |
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La citoyenneté à l’épreuve des « valeurs de la République », et réciproquement (J. Pélabay) / Anthropologie du voile chez les adolescente maghrébines : entre résistance et consentement (M. Sellami) / Du virtuel au présentiel : de l'assignation au territoire, à la confrontation permanente à l'actualité du monde (J. Bordet) / Les dangers démocratiques de la connexion numérique (E. Dacheux) / De la prévention primaire à la prise en charge de djihadistes "revenants" majeurs et mineurs en Belgique : un enjeu de citoyenneté (S. Boussois) / La citoyenneté à l'épreuve de la radicalisation et de la radicalité écologique (I. Mané, J. Lachance) / Enseignements d'un diagnostic approfondi des processus d'extrémisme et de radicalisation violente pour l'éducation à la citoyenneté (A. Ruffion) / L'inconditionnalité de l'accueil des personnes vulnérables à l'épreuve du new public management : le cas des CHRS franciliens (M. Bruniquel) / L'implantation d'équipements sportifs à la croisée du champ social (S. Havez) / La contenance institutionnelle, éducative et physique : triptyque indissociable du pouvoir d'agir au sein de l'institution et de la clinique éducative (S. Gomez) |
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Au Sénégal, une grande majorité de la population (sur)vit grâce à l’économie inf [...] |
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