Centre de documentation HELHa Cardijn Louvain-la-Neuve
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Le centre de documentation de la HELHa Cardijn LLN met à disposition de ses lecteurs un fonds documentaire spécialisé dans les domaines pouvant intéresser – de près ou de loin - les (futur·e·s) travailleur·euse·s sociaux·ales : travail social, sociologie, psychologie, droit, santé, économie, pédagogie, immigration, vieillissement, famille, précarité, délinquance, emploi, communication, etc.
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Titre : Peut-on demander à la justice qu'elle nous venge ? Type de document : enregistrement sonore non musical Editeur : Bruxelles [Belgique] : Parresia media Année de publication : 2023 Importance : 40 min Langues : Français (fre) Catégories : TS
Attentats # Justice réparatrice # Terrorisme # Victimes # Victimes du terrorisme # Victimes:Victimes -- Protection, assistance, etc.Résumé : "32 personnes sont mortes. 32 vies ont été pulvérisées par les visses, boulons et écrous des bombes artisanales construites par les terroristes. Ces personnes étaient de multiples nationalités : belge bien sûr, mais aussi néerlandaise, congolaise, suédoise, libérienne, britannique, marocaine, italienne, indienne, polonaise, chinoise et américaine. Parmi elles, aucune n’était directement concernée par Daesh ou impliquée dans le conflit en Syrie. Aucune n’était personnellement visée par les actes meurtriers. Elles avaient en commun d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Toutes également malchanceuses, 296 personnes ont été blessées, et un nombre encore bien plus grand ont été profondément traumatisées. Au final, c’est l’ensemble de notre société qui a été ébranlé, au point que, 7 années plus tard, le procès des attentats de Bruxelles arrive comme un événement, une partie de cette tragédie historique, une étape du deuil que nous avons à traverser. Dans pareille situation, un des rôles de la justice est d’éviter que les victimes encore vivantes ne soient prises d’un désir de vengeance. Elles en auraient pourtant toutes les raisons. La barbarie des actes justifie amplement le déploiement d’une colère sans limites. Cette colère n’est d’ailleurs pas circonscrite aux personnes directement lésées. Même si elles sont de multiples nationalités, ces victimes sont aussi les nôtres. Chacun d’entre nous aurait pu être à Zaventem ou à Maelbeek, ou y perdre des proches. A travers les personnes fauchées, c’est nous tous qui avons été attaqués, et sommes potentiellement habités du désir de nous venger. Y consentir reviendrait cependant à sortir de l’État de droits et c’est pour cela qu’il faut agir avec tous les moyens nécessaires pour que les victimes et la population saisissent que justice va être rendue. Dans le cas contraire, en plus de l’injustice des faits, se développera un autre malaise : le sentiment de l’injustice d’un système. Est-ce que, pour autant, on peut demander à l’État de « venger » les victimes dans le sens d’une punition qui dépendrait de l’ampleur des émotions en présence ? Est-ce que l’on peut demander vengeance dans le sens de traitements qui feraient ressentir aux coupables ce qu’ils ont causé aux victimes ? quelque chose qui leur permette de comprendre la violence, la déshumanisation et l’absurdité de ce qu’ils ont pu faire endurer ? La tentation est grande et on voit bien que ses effets ont déjà commencé. En construisant des cages démesurées, en faisant subir aux accusés des fouilles quotidiennes et humiliantes, en présumant coupable toute personne qui, de près ou de loin, était en contact avec les terroristes… l’histoire récente du procès illustre une dynamique de compensation émotionnelle bien plus qu’une recherche de principes et de droits humains. Les droits humains d’ailleurs, les coupables ont bien montré qu’ils s’en « lavaient les mains ». Serait-il juste que ces droits les protègent alors qu’eux-mêmes s’en sont détournés pour rejoindre Daesh ? Serait-il juste qu’ils en bénéficient alors qu’ils les ont volontairement bafoués en planifiant et perpétrant ces massacres ? En outre, certes la gestion des accusés est teintée de revanche, mais cela reste très mesuré au regard de ce que les victimes ont subi. Avalanche de questions et de sentiments, tous à mes yeux légitimes. En sens inverse pourtant et en guise d’édito, permettez-moi de souligner plusieurs pistes que je trouve intéressantes à ce niveau. La première est de prendre le temps de reconnaître le plus justement possible les faits, les dégâts et les injustices endurées. Il s’agit d’écouter, et de faire comprendre que rien ne sera oublié. Par l’ampleur de son dispositif, l’action de la justice doit répondre à la gravité de ce qui s’est passé. En plus de l’écoute des victimes, les moyens doivent ici permettre d’établir toutes les culpabilités : celle des auteurs directs, celle de leur complices plus ou moins actifs, celle de Daesh et de ses stratégies manipulatrices. Dans l’identification des culpabilités, le ressentiment évoqué plus haut peut cependant jouer un mauvais rôle. Nos émotions ont en effet tendance à réfléchir en miroir : comme les victimes individuelles sont connues, nous sommes souvent conduits à penser que les individus incriminables sont tout aussi faciles à identifier. Nos sentiments nous amènent à croire que leur culpabilité est à la mesure de l’innocence des victimes. Dans sa dynamique émotionnelle, le procès comporte une logique transformationnelle : convertissant l’innocence d’individus victimes en une culpabilité, de même intensité, des accusés. Mais, penser de la sorte, n’est-ce pas risquer de minimiser les culpabilités ? N’est-ce pas une manière de défendre les accusés pour qu’ils soient moins sanctionnés ? Non, car il n’est pas question de minimiser. Il est tout à fait possible de reconnaître la responsabilités des auteurs des attentats, tout en reconnaissant en même temps que d’autres aussi ont « leur part », tout en reconnaissant que certains mécanismes collectifs ont contribué à ce qui s’est passé. Peut-être d’ailleurs que c’est de cette manière que l’on rend le plus hommage à la mémoire des victimes. Établir les responsabilités individuelles du passé prémunit peu des dangers à venir. A l’inverse, en identifiant les forces collectives qui ont influencé la personnalité et le chemin des individus, on comprend mieux ce qu’il y a à changer. Pour éviter que l’Histoire ne « bégaie », il est indispensable de se demander, de tous ces événements, quelles sont les leçons à tirer. En menant cette réflexion, on se rend par exemple compte que le projet et la communication de Daesh ont joué un rôle. On se rend compte que notre police et la collaboration avec son homologue français auraient aussi pu mieux fonctionner. On se rend compte que les jeunes qui se sont fait exploser étaient des jeunes d’ici, qui ont grandi dans nos quartiers. Réfléchir à ce drame, c’est réaliser que, si les victimes sont les nôtres, les coupables le sont aussi. C’est pour cette raison qu’il est important de se demander tout ce qui, dans notre société, peut expliquer les trajectoires terroristes d’une partie de notre jeunesse. C’est pour cela aussi que, 7 années plus tard, il est fondamental de reprendre ces fragilités et de vérifier si, à leur niveau, nous avons réussi à avancer." En ligne : https://www.parresia.media/editions/peut-on-demander-a-la-justice-quelle-nous-ve [...] Permalink : http://cdocs.helha.be/pmblln/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=38376 Peut-on demander à la justice qu'elle nous venge ? [enregistrement sonore non musical] . - Bruxelles (Belgique) : Parresia media, 2023 . - 40 min.
Langues : Français (fre)
Catégories : TS
Attentats # Justice réparatrice # Terrorisme # Victimes # Victimes du terrorisme # Victimes:Victimes -- Protection, assistance, etc.Résumé : "32 personnes sont mortes. 32 vies ont été pulvérisées par les visses, boulons et écrous des bombes artisanales construites par les terroristes. Ces personnes étaient de multiples nationalités : belge bien sûr, mais aussi néerlandaise, congolaise, suédoise, libérienne, britannique, marocaine, italienne, indienne, polonaise, chinoise et américaine. Parmi elles, aucune n’était directement concernée par Daesh ou impliquée dans le conflit en Syrie. Aucune n’était personnellement visée par les actes meurtriers. Elles avaient en commun d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Toutes également malchanceuses, 296 personnes ont été blessées, et un nombre encore bien plus grand ont été profondément traumatisées. Au final, c’est l’ensemble de notre société qui a été ébranlé, au point que, 7 années plus tard, le procès des attentats de Bruxelles arrive comme un événement, une partie de cette tragédie historique, une étape du deuil que nous avons à traverser. Dans pareille situation, un des rôles de la justice est d’éviter que les victimes encore vivantes ne soient prises d’un désir de vengeance. Elles en auraient pourtant toutes les raisons. La barbarie des actes justifie amplement le déploiement d’une colère sans limites. Cette colère n’est d’ailleurs pas circonscrite aux personnes directement lésées. Même si elles sont de multiples nationalités, ces victimes sont aussi les nôtres. Chacun d’entre nous aurait pu être à Zaventem ou à Maelbeek, ou y perdre des proches. A travers les personnes fauchées, c’est nous tous qui avons été attaqués, et sommes potentiellement habités du désir de nous venger. Y consentir reviendrait cependant à sortir de l’État de droits et c’est pour cela qu’il faut agir avec tous les moyens nécessaires pour que les victimes et la population saisissent que justice va être rendue. Dans le cas contraire, en plus de l’injustice des faits, se développera un autre malaise : le sentiment de l’injustice d’un système. Est-ce que, pour autant, on peut demander à l’État de « venger » les victimes dans le sens d’une punition qui dépendrait de l’ampleur des émotions en présence ? Est-ce que l’on peut demander vengeance dans le sens de traitements qui feraient ressentir aux coupables ce qu’ils ont causé aux victimes ? quelque chose qui leur permette de comprendre la violence, la déshumanisation et l’absurdité de ce qu’ils ont pu faire endurer ? La tentation est grande et on voit bien que ses effets ont déjà commencé. En construisant des cages démesurées, en faisant subir aux accusés des fouilles quotidiennes et humiliantes, en présumant coupable toute personne qui, de près ou de loin, était en contact avec les terroristes… l’histoire récente du procès illustre une dynamique de compensation émotionnelle bien plus qu’une recherche de principes et de droits humains. Les droits humains d’ailleurs, les coupables ont bien montré qu’ils s’en « lavaient les mains ». Serait-il juste que ces droits les protègent alors qu’eux-mêmes s’en sont détournés pour rejoindre Daesh ? Serait-il juste qu’ils en bénéficient alors qu’ils les ont volontairement bafoués en planifiant et perpétrant ces massacres ? En outre, certes la gestion des accusés est teintée de revanche, mais cela reste très mesuré au regard de ce que les victimes ont subi. Avalanche de questions et de sentiments, tous à mes yeux légitimes. En sens inverse pourtant et en guise d’édito, permettez-moi de souligner plusieurs pistes que je trouve intéressantes à ce niveau. La première est de prendre le temps de reconnaître le plus justement possible les faits, les dégâts et les injustices endurées. Il s’agit d’écouter, et de faire comprendre que rien ne sera oublié. Par l’ampleur de son dispositif, l’action de la justice doit répondre à la gravité de ce qui s’est passé. En plus de l’écoute des victimes, les moyens doivent ici permettre d’établir toutes les culpabilités : celle des auteurs directs, celle de leur complices plus ou moins actifs, celle de Daesh et de ses stratégies manipulatrices. Dans l’identification des culpabilités, le ressentiment évoqué plus haut peut cependant jouer un mauvais rôle. Nos émotions ont en effet tendance à réfléchir en miroir : comme les victimes individuelles sont connues, nous sommes souvent conduits à penser que les individus incriminables sont tout aussi faciles à identifier. Nos sentiments nous amènent à croire que leur culpabilité est à la mesure de l’innocence des victimes. Dans sa dynamique émotionnelle, le procès comporte une logique transformationnelle : convertissant l’innocence d’individus victimes en une culpabilité, de même intensité, des accusés. Mais, penser de la sorte, n’est-ce pas risquer de minimiser les culpabilités ? N’est-ce pas une manière de défendre les accusés pour qu’ils soient moins sanctionnés ? Non, car il n’est pas question de minimiser. Il est tout à fait possible de reconnaître la responsabilités des auteurs des attentats, tout en reconnaissant en même temps que d’autres aussi ont « leur part », tout en reconnaissant que certains mécanismes collectifs ont contribué à ce qui s’est passé. Peut-être d’ailleurs que c’est de cette manière que l’on rend le plus hommage à la mémoire des victimes. Établir les responsabilités individuelles du passé prémunit peu des dangers à venir. A l’inverse, en identifiant les forces collectives qui ont influencé la personnalité et le chemin des individus, on comprend mieux ce qu’il y a à changer. Pour éviter que l’Histoire ne « bégaie », il est indispensable de se demander, de tous ces événements, quelles sont les leçons à tirer. En menant cette réflexion, on se rend par exemple compte que le projet et la communication de Daesh ont joué un rôle. On se rend compte que notre police et la collaboration avec son homologue français auraient aussi pu mieux fonctionner. On se rend compte que les jeunes qui se sont fait exploser étaient des jeunes d’ici, qui ont grandi dans nos quartiers. Réfléchir à ce drame, c’est réaliser que, si les victimes sont les nôtres, les coupables le sont aussi. C’est pour cette raison qu’il est important de se demander tout ce qui, dans notre société, peut expliquer les trajectoires terroristes d’une partie de notre jeunesse. C’est pour cela aussi que, 7 années plus tard, il est fondamental de reprendre ces fragilités et de vérifier si, à leur niveau, nous avons réussi à avancer." En ligne : https://www.parresia.media/editions/peut-on-demander-a-la-justice-quelle-nous-ve [...] Permalink : http://cdocs.helha.be/pmblln/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=38376 Est accompagné deExemplaires
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