[article]
Titre : |
Le carrousel du réfugié |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Matthieu Sergier |
Année de publication : |
2023 |
Article en page(s) : |
p. 24-27 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
TS Émigration et immigration:Émigration et immigration -- Politique publique:Émigration et immigration -- Politique publique -- Belgique # Exclusion sociale # Immigrées :Immigrées -- Conditions sociales # Immigrés:Immigrés -- Conditions sociales # Réfugiés politiques # Réfugiés ukrainiens
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Résumé : |
"Quelque part, après le 15 aout 2022, un vendredi soir. Je dine en regardant distraitement le JT de 19 h 30 à la RTBF lorsqu’une image attire mon attention : des files de demandeurs d’asile devant le Petit Château. L’afflux devient difficilement gérable. Beaucoup dorment dehors. Parmi eux : des femmes, des enfants, des ainés. Il y a des tensions. La police doit intervenir. À la fin du reportage, des mots m’interpellent : « À moins d’être ukrainien ». J’essaie de comprendre. Le site internet de Fedasil m’informe que les « ressortissants ukrainiens » bénéficient d’un « trajet spécifique » pour leur enregistrement et leur accueil en dehors du réseau traditionnel, d’où ils sont redirigés vers des logements proposés par les provinces et communes. Personne ne devrait être amené à abandonner indéfiniment et contre son gré son foyer en raison d’une guerre qui la dépasse, encore plus quand cette guerre nait de la folie d’un dictateur mélancolique et mégalomane. Toute guerre est une guerre de trop. Personne ne fuit son foyer rien que par plaisir de partir, d’aller parasiter la sécurité sociale d’un pays qu’il ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Et pourtant, l’écho de cette fin de reportage résonne en moi et me procure un malaise que je peine à circonscrire. Quelques semaines plus tard, toujours à Bruxelles, une terrasse Place des Martyrs, à 15 minutes de marche du Petit Château. J’y déjeune avec un ami de l’Université de Kinshasa. Il est en mission de recherche à Bruxelles. Accordons-lui le nom d’emprunt « Gabriël ». C’est son premier long séjour dans la capitale belge. Comblé, il me parle de l’idéal que représente pour certains de ses compatriotes la Belgique, en particulier Bruxelles. Avoir le privilège, pour une ville, d’être capitale de l’Europe, ce n’est pas rien, me confie-t-il. Les yeux de Gabriël m’interrogent quand il ajoute : « Alors qu’à Bruxelles aussi, la misère humaine est bien visible. Dans la capitale belge aussi, on dort à même le trottoir et on mendie parce qu’on a faim. »" |
En ligne : |
https://cdocs.helha.be/pmblln/catalog.php?categ=serials&sub=analysis&action=anal [...] |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmblln/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=36830 |
in La revue nouvelle > 3 (2023) . - p. 24-27
[article] Le carrousel du réfugié [texte imprimé] / Matthieu Sergier . - 2023 . - p. 24-27. Langues : Français ( fre) in La revue nouvelle > 3 (2023) . - p. 24-27
Catégories : |
TS Émigration et immigration:Émigration et immigration -- Politique publique:Émigration et immigration -- Politique publique -- Belgique # Exclusion sociale # Immigrées :Immigrées -- Conditions sociales # Immigrés:Immigrés -- Conditions sociales # Réfugiés politiques # Réfugiés ukrainiens
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Résumé : |
"Quelque part, après le 15 aout 2022, un vendredi soir. Je dine en regardant distraitement le JT de 19 h 30 à la RTBF lorsqu’une image attire mon attention : des files de demandeurs d’asile devant le Petit Château. L’afflux devient difficilement gérable. Beaucoup dorment dehors. Parmi eux : des femmes, des enfants, des ainés. Il y a des tensions. La police doit intervenir. À la fin du reportage, des mots m’interpellent : « À moins d’être ukrainien ». J’essaie de comprendre. Le site internet de Fedasil m’informe que les « ressortissants ukrainiens » bénéficient d’un « trajet spécifique » pour leur enregistrement et leur accueil en dehors du réseau traditionnel, d’où ils sont redirigés vers des logements proposés par les provinces et communes. Personne ne devrait être amené à abandonner indéfiniment et contre son gré son foyer en raison d’une guerre qui la dépasse, encore plus quand cette guerre nait de la folie d’un dictateur mélancolique et mégalomane. Toute guerre est une guerre de trop. Personne ne fuit son foyer rien que par plaisir de partir, d’aller parasiter la sécurité sociale d’un pays qu’il ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Et pourtant, l’écho de cette fin de reportage résonne en moi et me procure un malaise que je peine à circonscrire. Quelques semaines plus tard, toujours à Bruxelles, une terrasse Place des Martyrs, à 15 minutes de marche du Petit Château. J’y déjeune avec un ami de l’Université de Kinshasa. Il est en mission de recherche à Bruxelles. Accordons-lui le nom d’emprunt « Gabriël ». C’est son premier long séjour dans la capitale belge. Comblé, il me parle de l’idéal que représente pour certains de ses compatriotes la Belgique, en particulier Bruxelles. Avoir le privilège, pour une ville, d’être capitale de l’Europe, ce n’est pas rien, me confie-t-il. Les yeux de Gabriël m’interrogent quand il ajoute : « Alors qu’à Bruxelles aussi, la misère humaine est bien visible. Dans la capitale belge aussi, on dort à même le trottoir et on mendie parce qu’on a faim. »" |
En ligne : |
https://cdocs.helha.be/pmblln/catalog.php?categ=serials&sub=analysis&action=anal [...] |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmblln/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=36830 |
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