[article]
Titre : |
Emprise, tyrannie, asservissement |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Alain Ferrant |
Année de publication : |
2025 |
Article en page(s) : |
p. 24-25 |
Note générale : |
Cet article fait partie du dossier " La relation d'emprise ". |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
Interaction précoce Relation dominant dominé Destructivité Séduction Vulnérabilité |
Résumé : |
La relation d’emprise désigne les processus physiques et psychologiques par lesquels un sujet impose et exerce un pouvoir sur autrui. Dans ce lien, il incarne une figure parentale à la fois toute-puissante et impitoyable. Aussi intelligente et cultivée soit-elle, la victime se retrouve comme un petit enfant subjugué et dépendant.
La notion d’emprise est synonyme de tyrannie et d’exploitation d’autrui. Elle renvoie à un état d’asservissement et de dépendance sans échappatoire. L’emprise s’oppose à la liberté comme l’ombre à la lumière ou comme la pétrification au mouvement. Les abus sexuels révélés dans le sillage du mouvement #MeToo ont propulsé l’emprise à la Une des médias dans sa forme la plus délétère.
D’autres révélations ont souligné sa place asservissante dans le domaine éducatif, les institutions religieuses, le monde du travail, de la culture et au sein de la famille, c’est-à-dire dans tous les secteurs de la société. Face à ces mécanismes d’asservissement, on a découvert la part d’aveuglement, d’indifférence et quelquefois de complicité plus ou moins passive qui permet à ces relations d’emprise de se développer en toute impunité.
De la soumission chimique en passant par les violences éducatives, des processus de radicalisation et jusqu’au féminicide, l’emprise se confond la plupart du temps avec la tyrannie, la violence et les abus sexuels sous toutes leurs formes. Mais comme le soulignait Simone de Beauvoir, on ne naît pas abuseur, tyran, tortionnaire ou meurtrier, on le devient. La généalogie, c’est-à-dire l’analyse des sources et de l’histoire, permet de dégager les enjeux profonds des relations d’emprise et les échecs des liens primaires dont elles sont les conséquences.
La relation d’emprise désigne les processus physiques et psychologiques par lesquels un individu impose et exerce un pouvoir sur un sujet ou plusieurs sujets. Le tyran s’empare du pouvoir par la force, usurpe l’autorité et exerce ce pouvoir de manière absolue et oppressive.
Deux dimensions se dessinent : l’une concerne le processus de prise du pouvoir et l’autre désigne son exercice. Les formes de cette prise de pouvoir vont de la séduction à la contrainte, en passant par la violence. La séduction qui facilite la conquête du pouvoir et permet la mise en œuvre d’une relation d’emprise n’est pas d’ordre sexuel malgré les apparences. Elle relève de la possession pure et simple avec, comme visée ultime, la désubjectivation d’autrui, son asservissement et sa réduction à l’état d’objet utilitaire. Il ne s’agit pas de séduire pour aimer, il s’agit de séduire pour rabaisser et déshumaniser. L’emprise est mère de la soumission, que cette dernière soit imposée ou silencieusement distillée [...] |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbgilly/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=92613 |
in Santé mentale > 296 (Avril 2025) . - p. 24-25
[article] Emprise, tyrannie, asservissement [texte imprimé] / Alain Ferrant . - 2025 . - p. 24-25. Cet article fait partie du dossier " La relation d'emprise ". Langues : Français ( fre) in Santé mentale > 296 (Avril 2025) . - p. 24-25
Mots-clés : |
Interaction précoce Relation dominant dominé Destructivité Séduction Vulnérabilité |
Résumé : |
La relation d’emprise désigne les processus physiques et psychologiques par lesquels un sujet impose et exerce un pouvoir sur autrui. Dans ce lien, il incarne une figure parentale à la fois toute-puissante et impitoyable. Aussi intelligente et cultivée soit-elle, la victime se retrouve comme un petit enfant subjugué et dépendant.
La notion d’emprise est synonyme de tyrannie et d’exploitation d’autrui. Elle renvoie à un état d’asservissement et de dépendance sans échappatoire. L’emprise s’oppose à la liberté comme l’ombre à la lumière ou comme la pétrification au mouvement. Les abus sexuels révélés dans le sillage du mouvement #MeToo ont propulsé l’emprise à la Une des médias dans sa forme la plus délétère.
D’autres révélations ont souligné sa place asservissante dans le domaine éducatif, les institutions religieuses, le monde du travail, de la culture et au sein de la famille, c’est-à-dire dans tous les secteurs de la société. Face à ces mécanismes d’asservissement, on a découvert la part d’aveuglement, d’indifférence et quelquefois de complicité plus ou moins passive qui permet à ces relations d’emprise de se développer en toute impunité.
De la soumission chimique en passant par les violences éducatives, des processus de radicalisation et jusqu’au féminicide, l’emprise se confond la plupart du temps avec la tyrannie, la violence et les abus sexuels sous toutes leurs formes. Mais comme le soulignait Simone de Beauvoir, on ne naît pas abuseur, tyran, tortionnaire ou meurtrier, on le devient. La généalogie, c’est-à-dire l’analyse des sources et de l’histoire, permet de dégager les enjeux profonds des relations d’emprise et les échecs des liens primaires dont elles sont les conséquences.
La relation d’emprise désigne les processus physiques et psychologiques par lesquels un individu impose et exerce un pouvoir sur un sujet ou plusieurs sujets. Le tyran s’empare du pouvoir par la force, usurpe l’autorité et exerce ce pouvoir de manière absolue et oppressive.
Deux dimensions se dessinent : l’une concerne le processus de prise du pouvoir et l’autre désigne son exercice. Les formes de cette prise de pouvoir vont de la séduction à la contrainte, en passant par la violence. La séduction qui facilite la conquête du pouvoir et permet la mise en œuvre d’une relation d’emprise n’est pas d’ordre sexuel malgré les apparences. Elle relève de la possession pure et simple avec, comme visée ultime, la désubjectivation d’autrui, son asservissement et sa réduction à l’état d’objet utilitaire. Il ne s’agit pas de séduire pour aimer, il s’agit de séduire pour rabaisser et déshumaniser. L’emprise est mère de la soumission, que cette dernière soit imposée ou silencieusement distillée [...] |
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http://cdocs.helha.be/pmbgilly/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=92613 |
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