[article]
Titre : |
Misophonie et psychiatrie contemporaine |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Dorette Gédance |
Année de publication : |
2015 |
Article en page(s) : |
p.1504-1505 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
PSYCHIATRIE BRUIT |
Résumé : |
J’ai été très intéressée et rassurée en lisant le texte critique du Pr F. Stiefel du CHUV et du Dr M. Saraga de l’Université McGill de Montréal : «Misophonie et psychiatrie contemporaine» (Rev Med Suisse 2015;11: 474) écrit à propos de l’article des psychiatres du CAPPI genevois de la Jonction, les docteurs C.-R. Jacot, T. Eric et O. Sentissi qui mettaient en évidence une misophonie pure. L’article en question («La misophonie ou l’aversion pour le bruit». Rev Med Suisse 2015;11:466-9) m’avait évoqué progressivement, en le lisant, un souvenir d’une visite au Musée d’histoire naturelle de Paris où j’avais assisté à «l’école des rats». Il s’agissait de montrer à des enfants en âge scolaire, mais bien des adultes étaient présents, des expériences avec des rats selon la technique d’un labyrinthe qui se complexifiait de plus en plus et de mettre ainsi en évidence leurs capacités cognitives : les rats déjouaient tous les pièges qui leur étaient tendus sur le chemin de la friandise et pouvaient réutiliser ce qu’ils avaient acquis la fois suivante tout en découvrant de nouvelles complications. Les psychologues chercheuses soulignaient leur grande intelligence et expliquaient, après avoir montré un film de cette «école des rats», que ceux que l’on voyait en plein travail n’étaient pas les mêmes que ceux qui leur furent alors amenés et qu’elles caressaient en les tenant dans les bras. En effet, les rats avaient une espérance de vie de trois ans en milieu protégé où ils étaient soignés et bien nourris et, après deux ans, ils souffraient de rhumatismes et ils étaient mis à la retraite pour finir leur vie tranquillement. C’est parce qu’elles avaient manifesté ainsi des capacités à s’identifier aux rats avec lesquels elles travaillaient (et qu’elles pouvaient prendre dans leurs bras) par la préoccupation pour leur qualité de vie que ce souvenir était revenu à ma mémoire, ceci dans un contexte de procédure cognitivo-comportementale. Cette capacité identificatoire me paraissait en effet absente du discours des auteurs de l’article qui présentaient cette patiente atteinte de cette nouvelle entité baptisée misophonie pure. Ils décrivaient que cette perturbation avait été évaluée selon un grand nombre d’échelles, dont une dite d’Amsterdam, uniquement destinée à graduer la gravité d’une misophonie et que la patiente avait été partiellement déconditionnée de celle-ci par une thérapie cognitivo-comportementale. D’un côté, l’espèce des psychiatres et de l’autre, une espèce lointaine : la patiente, moins proche au fond que n’étaient les rats parisiens de leurs expérimentatrices. Le Pr Stiefel et le Dr Saraga concluaient que cette démarche signait la disparition de la psychiatrie. |
Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbgilly/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=40879 |
in Revue médicale suisse > 482 (Août 2015) . - p.1504-1505
[article] Misophonie et psychiatrie contemporaine [texte imprimé] / Dorette Gédance . - 2015 . - p.1504-1505. Langues : Français ( fre) in Revue médicale suisse > 482 (Août 2015) . - p.1504-1505
Mots-clés : |
PSYCHIATRIE BRUIT |
Résumé : |
J’ai été très intéressée et rassurée en lisant le texte critique du Pr F. Stiefel du CHUV et du Dr M. Saraga de l’Université McGill de Montréal : «Misophonie et psychiatrie contemporaine» (Rev Med Suisse 2015;11: 474) écrit à propos de l’article des psychiatres du CAPPI genevois de la Jonction, les docteurs C.-R. Jacot, T. Eric et O. Sentissi qui mettaient en évidence une misophonie pure. L’article en question («La misophonie ou l’aversion pour le bruit». Rev Med Suisse 2015;11:466-9) m’avait évoqué progressivement, en le lisant, un souvenir d’une visite au Musée d’histoire naturelle de Paris où j’avais assisté à «l’école des rats». Il s’agissait de montrer à des enfants en âge scolaire, mais bien des adultes étaient présents, des expériences avec des rats selon la technique d’un labyrinthe qui se complexifiait de plus en plus et de mettre ainsi en évidence leurs capacités cognitives : les rats déjouaient tous les pièges qui leur étaient tendus sur le chemin de la friandise et pouvaient réutiliser ce qu’ils avaient acquis la fois suivante tout en découvrant de nouvelles complications. Les psychologues chercheuses soulignaient leur grande intelligence et expliquaient, après avoir montré un film de cette «école des rats», que ceux que l’on voyait en plein travail n’étaient pas les mêmes que ceux qui leur furent alors amenés et qu’elles caressaient en les tenant dans les bras. En effet, les rats avaient une espérance de vie de trois ans en milieu protégé où ils étaient soignés et bien nourris et, après deux ans, ils souffraient de rhumatismes et ils étaient mis à la retraite pour finir leur vie tranquillement. C’est parce qu’elles avaient manifesté ainsi des capacités à s’identifier aux rats avec lesquels elles travaillaient (et qu’elles pouvaient prendre dans leurs bras) par la préoccupation pour leur qualité de vie que ce souvenir était revenu à ma mémoire, ceci dans un contexte de procédure cognitivo-comportementale. Cette capacité identificatoire me paraissait en effet absente du discours des auteurs de l’article qui présentaient cette patiente atteinte de cette nouvelle entité baptisée misophonie pure. Ils décrivaient que cette perturbation avait été évaluée selon un grand nombre d’échelles, dont une dite d’Amsterdam, uniquement destinée à graduer la gravité d’une misophonie et que la patiente avait été partiellement déconditionnée de celle-ci par une thérapie cognitivo-comportementale. D’un côté, l’espèce des psychiatres et de l’autre, une espèce lointaine : la patiente, moins proche au fond que n’étaient les rats parisiens de leurs expérimentatrices. Le Pr Stiefel et le Dr Saraga concluaient que cette démarche signait la disparition de la psychiatrie. |
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