[article]
Titre : |
Des femmes et de la santé |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Sophie Durieux-Paillard ; Jean-Michel Gaspoz |
Année de publication : |
2015 |
Article en page(s) : |
p.1731 |
Langues : |
Français (fre) |
Mots-clés : |
SANTE FEMME |
Résumé : |
A peu de chose près, les femmes constituent la moitié des 7,3 milliards d’individus qui peuplent le globe. Cette égalité numérique globale masque pourtant des inégalités. La Chine et l’Inde manquent de femmes, qui constituent 48,2% de leur population. Les démographes expliquent ce déficit par une pratique d’avortements sélectifs des fœtus féminins visant à contrecarrer la politique de l’enfant unique (Chine), ou à limiter le fardeau de la dot (Inde).1 En Europe, elles sont plus nombreuses (50,7 en Suisse, 51,6 en France et 53,7% en Russie), car leur espérance de vie est plus longue que celle des hommes. Partout cependant, de-puis 150 ans leurs droits individuels, sociaux et politiques ont progressé, ce qui leur permet dans de nombreux pays de tendre à l’égalité vis-à-vis des hommes. De fait, même s’il reste encore à faire et que certains Etats ont des velléités d’enclencher la marche arrière, en 2015 la tendance à l’équité des droits hommes/femmes semble inéluctable.
«… la santé des femmes est-elle définitivement entrée à la faculté ? …»
Pour ceux que cette introduction féministe agacerait, rappelons qu’en France l’abrogation de l’incapacité civile des épouses date de 1938 : ce n’est qu’alors qu’elles ont pu se passer de l’accord de leur mari pour travailler, toucher personnellement leur salaire ou s’inscrire à l’université. En Suisse, l’égalité hommes/femmes dans l’instruction n’a été inscrite dans la Constitution qu’en 1981. Pourtant, c’est à Zurich qu’en 1867 une Russe, Nadejda Souslova, est devenue la première docteure en médecine formée dans une université européenne, suivie trois ans plus tard par Elizabeth Garett et Mary Putnam à Paris, puis par Marie Heim-Vögtlin à Zurich – première femme médecin suisse – et par Madeleine Brès à Paris, première française.2 L’ambition de ces pionnières de la médecine était de consacrer leur art à la santé des femmes et des enfants, délaissés par les médecins hommes, selon elles. La première phrase de la thèse de Madeleine Brès (De la mamelle et de l’allaitement, Paris 1875) est explicite : Mon intention ayant toujours été de m’occuper d’une manière exclusive des maladies des femmes et des enfants…
Cent cinquante ans plus tard, alors que 36,6% des médecins pratiquant en Suisse sont des femmes (42,6% en France), la santé des femmes est-elle définitivement entrée à la faculté ? Certains en doutent, évoquant une médecine trop «unisexe», ne tenant pas compte des spécificités génétiques, biologiques, physiologiques et des variables psychosociales propres aux femmes. Au point qu’en juin dernier, les National Institutes of Health américains (NIH) ont publié une note à l’attention de leurs chercheurs, les enjoignant à considérer le sexe comme une variable biologique (sic) dans les projets qu’ils soumettent à financement et à sérieusement argumenter leur copie si leurs données ne concernent qu’un seul sexe.3
Consacrer ce numéro à la santé des femmes était donc incontournable, mais, humanisme oblige, nous prenons l’engagement de dédier le prochain aux hommes !
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Permalink : |
http://cdocs.helha.be/pmbgilly/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=40830 |
in Revue médicale suisse > 487 (Septembre-octobre 2015) . - p.1731
[article] Des femmes et de la santé [texte imprimé] / Sophie Durieux-Paillard ; Jean-Michel Gaspoz . - 2015 . - p.1731. Langues : Français ( fre) in Revue médicale suisse > 487 (Septembre-octobre 2015) . - p.1731
Mots-clés : |
SANTE FEMME |
Résumé : |
A peu de chose près, les femmes constituent la moitié des 7,3 milliards d’individus qui peuplent le globe. Cette égalité numérique globale masque pourtant des inégalités. La Chine et l’Inde manquent de femmes, qui constituent 48,2% de leur population. Les démographes expliquent ce déficit par une pratique d’avortements sélectifs des fœtus féminins visant à contrecarrer la politique de l’enfant unique (Chine), ou à limiter le fardeau de la dot (Inde).1 En Europe, elles sont plus nombreuses (50,7 en Suisse, 51,6 en France et 53,7% en Russie), car leur espérance de vie est plus longue que celle des hommes. Partout cependant, de-puis 150 ans leurs droits individuels, sociaux et politiques ont progressé, ce qui leur permet dans de nombreux pays de tendre à l’égalité vis-à-vis des hommes. De fait, même s’il reste encore à faire et que certains Etats ont des velléités d’enclencher la marche arrière, en 2015 la tendance à l’équité des droits hommes/femmes semble inéluctable.
«… la santé des femmes est-elle définitivement entrée à la faculté ? …»
Pour ceux que cette introduction féministe agacerait, rappelons qu’en France l’abrogation de l’incapacité civile des épouses date de 1938 : ce n’est qu’alors qu’elles ont pu se passer de l’accord de leur mari pour travailler, toucher personnellement leur salaire ou s’inscrire à l’université. En Suisse, l’égalité hommes/femmes dans l’instruction n’a été inscrite dans la Constitution qu’en 1981. Pourtant, c’est à Zurich qu’en 1867 une Russe, Nadejda Souslova, est devenue la première docteure en médecine formée dans une université européenne, suivie trois ans plus tard par Elizabeth Garett et Mary Putnam à Paris, puis par Marie Heim-Vögtlin à Zurich – première femme médecin suisse – et par Madeleine Brès à Paris, première française.2 L’ambition de ces pionnières de la médecine était de consacrer leur art à la santé des femmes et des enfants, délaissés par les médecins hommes, selon elles. La première phrase de la thèse de Madeleine Brès (De la mamelle et de l’allaitement, Paris 1875) est explicite : Mon intention ayant toujours été de m’occuper d’une manière exclusive des maladies des femmes et des enfants…
Cent cinquante ans plus tard, alors que 36,6% des médecins pratiquant en Suisse sont des femmes (42,6% en France), la santé des femmes est-elle définitivement entrée à la faculté ? Certains en doutent, évoquant une médecine trop «unisexe», ne tenant pas compte des spécificités génétiques, biologiques, physiologiques et des variables psychosociales propres aux femmes. Au point qu’en juin dernier, les National Institutes of Health américains (NIH) ont publié une note à l’attention de leurs chercheurs, les enjoignant à considérer le sexe comme une variable biologique (sic) dans les projets qu’ils soumettent à financement et à sérieusement argumenter leur copie si leurs données ne concernent qu’un seul sexe.3
Consacrer ce numéro à la santé des femmes était donc incontournable, mais, humanisme oblige, nous prenons l’engagement de dédier le prochain aux hommes !
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