[article] 
inGérontologie et société > 153 (Juin 2017) . - p. 75-90

Titre :	Les « générations orphelines » des marchés internes du secteur public
Type de document :	texte imprimé
Auteurs :	Alex Alber
Année de publication :	2017
Article en page(s) :	p. 75-90
Note générale :	Issu du dossier: "Générations au travail, générations en relation"
Langues :	Français (fre)
Catégories :	Économie:Travail Relations entre générations
Résumé :	"Cet article se propose d'aborder la question des dynamiques générationnelles du marché du travail dans la fonction publique d'État, qui se différencie à plusieurs points de vue du secteur privé : d'abord au regard du statut que le secteur public confère à ses agents, qui leur garantit un maintien dans l?'emploi et une progression salariale minimale jusqu'au terme de leur carrière ; ensuite car cette organisation s'accompagne d'un système de régulation de l'emploi qui accorde traditionnellement une importance notable à l'ancienneté dans l'accès aux postes à responsabilités. Il en découle une caractéristique centrale dans la perspective qui sera la nôtre, qui est que les postes d'encadrement sont tendanciellement occupés par des agents plus âgés que leurs équivalents du secteur privé. Sachant le rôle moteur que doivent jouer les encadrants dans les contextes de changements organisationnels, ce vieillissement tendanciel des personnels d'encadrement n'est-il pas susceptible d'interférer avec les réformes mises en oeuvre dernièrement dans le secteur public ? Comment sont-elles accueillies par les plus expérimentés, tout particulièrement lorsque leurs effets tendent à remettre en cause certains aspects fondamentaux de leur travail (Bezes et al., 2011) ? Quels effets ont-elles sur leurs parcours professionnels ? N'y a-t-il pas un risque que les encadrants expérimentés soient marginalisés par les changements gestionnaires à l'oeuvre ? Quelles perspectives alors pour des personnels statutairement liés à un emploi qui ne tient plus ses promesses ? Nous tenterons de montrer dans cet article que certains aspects de la réforme de l'État peuvent conduire à restreindre les possibles professionnels de personnels initialement promis à une progression relative jusqu'à leur retraite, et pourquoi cette transformation des règles du jeu peut amener un nombre croissant d'agents à vivre ces évolutions comme un dédit, comme un retour sur des promesses implicites associées au fonctionnement de l'emploi public. L'hypothèse sera faite que ces agents, formés par et pour un système de « fonction publique de carrière » (Saglio, 2005), qui leur promettait une ascension régulière jusqu?au terme de leur parcours, se retrouvent aujourd'hui comme « orphelins » du modèle de fonction publique auquel ils ont voué une part importante de leur vie professionnelle et duquel ils attendaient certaines rétributions différées généralement octroyées par un tel système (Gautié, 2004). Loin de lire les résistances au changement comme une dimension inhérente du vieillissement au travail, nous nous proposons donc d'adopter une posture plus compréhensive qui vise, d'une part, à rendre compte des antinomies croissantes entre certaines logiques réformatrices et les valeurs professionnelles des agents expérimentés et, d'autre part, à rappeler l'importance des rétributions différées dans les stratégies de carrière des agents du secteur public."

[article] Les « générations orphelines » des marchés internes du secteur public [texte imprimé] / Alex Alber . - 2017 . - p. 75-90.
Issu du dossier: "Générations au travail, générations en relation"
Langues : Français (fre)
in Gérontologie et société > 153 (Juin 2017) . - p. 75-90

Catégories :

Économie:Travail Relations entre générations

Résumé :

"Cet article se propose d'aborder la question des dynamiques générationnelles du marché du travail dans la fonction publique d'État, qui se différencie à plusieurs points de vue du secteur privé : d'abord au regard du statut que le secteur public confère à ses agents, qui leur garantit un maintien dans l?'emploi et une progression salariale minimale jusqu'au terme de leur carrière ; ensuite car cette organisation s'accompagne d'un système de régulation de l'emploi qui accorde traditionnellement une importance notable à l'ancienneté dans l'accès aux postes à responsabilités. Il en découle une caractéristique centrale dans la perspective qui sera la nôtre, qui est que les postes d'encadrement sont tendanciellement occupés par des agents plus âgés que leurs équivalents du secteur privé. Sachant le rôle moteur que doivent jouer les encadrants dans les contextes de changements organisationnels, ce vieillissement tendanciel des personnels d'encadrement n'est-il pas susceptible d'interférer avec les réformes mises en oeuvre dernièrement dans le secteur public ? Comment sont-elles accueillies par les plus expérimentés, tout particulièrement lorsque leurs effets tendent à remettre en cause certains aspects fondamentaux de leur travail (Bezes et al., 2011) ? Quels effets ont-elles sur leurs parcours professionnels ? N'y a-t-il pas un risque que les encadrants expérimentés soient marginalisés par les changements gestionnaires à l'oeuvre ? Quelles perspectives alors pour des personnels statutairement liés à un emploi qui ne tient plus ses promesses ? Nous tenterons de montrer dans cet article que certains aspects de la réforme de l'État peuvent conduire à restreindre les possibles professionnels de personnels initialement promis à une progression relative jusqu'à leur retraite, et pourquoi cette transformation des règles du jeu peut amener un nombre croissant d'agents à vivre ces évolutions comme un dédit, comme un retour sur des promesses implicites associées au fonctionnement de l'emploi public. L'hypothèse sera faite que ces agents, formés par et pour un système de « fonction publique de carrière » (Saglio, 2005), qui leur promettait une ascension régulière jusqu?au terme de leur parcours, se retrouvent aujourd'hui comme « orphelins » du modèle de fonction publique auquel ils ont voué une part importante de leur vie professionnelle et duquel ils attendaient certaines rétributions différées généralement octroyées par un tel système (Gautié, 2004). Loin de lire les résistances au changement comme une dimension inhérente du vieillissement au travail, nous nous proposons donc d'adopter une posture plus compréhensive qui vise, d'une part, à rendre compte des antinomies croissantes entre certaines logiques réformatrices et les valeurs professionnelles des agents expérimentés et, d'autre part, à rappeler l'importance des rétributions différées dans les stratégies de carrière des agents du secteur public."