[article]
Titre : |
Vieillir, une autre façon de vivre le temps |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Michel Billé |
Année de publication : |
2023 |
Article en page(s) : |
p. 39-42 |
Note générale : |
Cet article fait partie du dossier " Les épreuves du vieillissement ".
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Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
Vieillissement -- Aspect social Vieillissement -- Dans les représentations sociales
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Résumé : |
Aujourd'hui, la vieillesse n'est envisagée qu'à travers les problèmes qu'elle pose, et dans un raccourci insensé, elle devient le problème... Si elle peut s'accompagner de difficultés, elle est aussi tout simplement la vie...
« Mourir cela n’est rien / Mourir la belle affaire / Mais vieillir, ah ! Vieillir ! », chantait Jacques Brel.
Étrange société que la nôtre…, dans laquelle la vieillesse fait l’objet de représentations parfaitement paradoxales : tout le monde ou presque veut vivre longtemps, mais personne ne voudrait vieillir… Il faudrait « avancer en âge et rester jeune », ou mieux encore, la formule ne manque pas de piment : « vieillir sans devenir vieux… » Quelle que soit la manière dont on essaie de formuler cette sorte d’oxymore, on en ressent à la fois la séduction potentielle et l’impossibilité, pour ne pas dire, l’absurdité. Depuis la nuit des temps, comme le montre le mythe d’Éos amoureuse de Tithon, cette question nous taraude : comment rester jeune ? Comment éviter les affres d’une vieillesse redoutable et redoutée ? Est-il possible de vivre sans vieillir ?
On comprend bien que cette crainte se construit sur les représentations essentiellement négatives de la vieillesse. C’est parce que, collectivement, nous ne retenons de cette étape de la vie que ses dimensions les moins favorables que nous intégrons ces images, qui structurent notre rapport à la vieillesse. Or je peux peut-être regarder ma vieillesse, déjà présente et à venir, de deux manières opposées et complémentaires, paradoxales.
– Ma vieillesse est d’abord cette période de ma vie qui me rapproche de la mort, c’est indéniable. Je vais mourir et même si je ne connais « ni le jour, ni l’heure », vieillir me conduit vers cette échéance.
– Je peux aussi la considérer comme la période de ma vie qui me sépare de ma mort et que, par conséquent, je peux encore investir, surtout si un accompagnement bienveillant m’y invite… |
in Santé mentale > 283 (Décembre 2023) . - p. 39-42
[article] Vieillir, une autre façon de vivre le temps [texte imprimé] / Michel Billé . - 2023 . - p. 39-42. Cet article fait partie du dossier " Les épreuves du vieillissement ".
Langues : Français ( fre) in Santé mentale > 283 (Décembre 2023) . - p. 39-42
Catégories : |
Vieillissement -- Aspect social Vieillissement -- Dans les représentations sociales
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Résumé : |
Aujourd'hui, la vieillesse n'est envisagée qu'à travers les problèmes qu'elle pose, et dans un raccourci insensé, elle devient le problème... Si elle peut s'accompagner de difficultés, elle est aussi tout simplement la vie...
« Mourir cela n’est rien / Mourir la belle affaire / Mais vieillir, ah ! Vieillir ! », chantait Jacques Brel.
Étrange société que la nôtre…, dans laquelle la vieillesse fait l’objet de représentations parfaitement paradoxales : tout le monde ou presque veut vivre longtemps, mais personne ne voudrait vieillir… Il faudrait « avancer en âge et rester jeune », ou mieux encore, la formule ne manque pas de piment : « vieillir sans devenir vieux… » Quelle que soit la manière dont on essaie de formuler cette sorte d’oxymore, on en ressent à la fois la séduction potentielle et l’impossibilité, pour ne pas dire, l’absurdité. Depuis la nuit des temps, comme le montre le mythe d’Éos amoureuse de Tithon, cette question nous taraude : comment rester jeune ? Comment éviter les affres d’une vieillesse redoutable et redoutée ? Est-il possible de vivre sans vieillir ?
On comprend bien que cette crainte se construit sur les représentations essentiellement négatives de la vieillesse. C’est parce que, collectivement, nous ne retenons de cette étape de la vie que ses dimensions les moins favorables que nous intégrons ces images, qui structurent notre rapport à la vieillesse. Or je peux peut-être regarder ma vieillesse, déjà présente et à venir, de deux manières opposées et complémentaires, paradoxales.
– Ma vieillesse est d’abord cette période de ma vie qui me rapproche de la mort, c’est indéniable. Je vais mourir et même si je ne connais « ni le jour, ni l’heure », vieillir me conduit vers cette échéance.
– Je peux aussi la considérer comme la période de ma vie qui me sépare de ma mort et que, par conséquent, je peux encore investir, surtout si un accompagnement bienveillant m’y invite… |
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